Droits du patient
La Coalition santé, dont la MC fait partie, lance sa campagne #VivreMieux. À la veille de l'année électorale 2024, mutualités, syndicats, organisations de santé et associations de lutte contre la pauvreté se sont mobilisées pour sortir la politique d'une vision purement curative de la santé.
Publié le: 23 novembre 2023
Par: Alexandre Verhamme - directeur général de la MC
3 min
Photo: © AdobeStock - "Il nous faut changer de paradigme pour mettre la santé au cœur de notre modèle de société".
Pour de nombreux citoyens, notre système de sécurité sociale est une source de fierté, une sorte de spécialité belge que nombre de pays nous envient, un peu comme les frites ou le chocolat. Et pourtant, des questions et des débats sont initiés dans différents cénacles structurés ou espaces médiatiques… On entend que les coûts sont insoutenables, qu'il faut restreindre la couverture sociale, remettre rapidement les chômeurs et les malades au travail, limiter les droits à la pension… Ces politiques commettent l'erreur de se concentrer sur les symptômes – les coûts qu'il faut réduire à tout prix – là où nous devrions interroger d'abord et avant tout les causes qui font que les recours aux soins s’accroissent.
Activer et sanctionner ne peut pas être la seule réponse au défi budgétaire. Nous devons penser et organiser la santé avant que les personnes ne tombent malades. Au sein des pays de l'OCDE, la Belgique se classe en queue de peloton (à la 24e place sur 27 !), en matière d’investissement dans les politiques de promotion de la santé et de prévention des maladies.
Activer et sanctionner ne peut pas être la seule réponse au défi budgétaire. Nous devons penser et organiser la santé avant que les personnes ne tombent malades.
Selon l’OMS, 60 % des facteurs qui influencent notre santé ne sont liés ni à nos dispositions biologiques ni au système de soins, mais à notre environnement de vie. Une étude menée par la MC en 2022 dressait ce constat alarmant : les personnes vivant dans les quartiers pauvres ont 80 % de plus de risques de mourir dans l’année – toutes causes de santé confondues – que celles vivant dans les quartiers les plus riches ! Difficultés d’accès à l’emploi, détérioration des conditions de travail, exposition aux crises du logement et de l'environnement, délitement du lien social, inégalités de genre, etc. sont autant d'éléments qui pèsent lourd sur la santé. Les choix politiques de chaque gouvernement et de chaque ministre doivent être pensés à la lumière de ce constat.
Fondé sur les valeurs d'universalité et de solidarité, notre système de soins de santé est un héritage précieux de notre histoire sociale. Néanmoins, il est aussi perfectible et fragile. Nous ne pouvons pas accepter qu’aujourd'hui, en Belgique, des familles reportent encore des soins pour des questions matérielles. L'accès aux soins de santé n'est toujours pas garanti de manière équitable, que ce soit pour des raisons financières, mais aussi géographiques, culturelles, liées à des discriminations de genre, au handicap, etc. Et la pénurie de soignant est une menace de plus pour l'accessibilité des soins que nous devons prendre très au sérieux.
Face à ces constats, la Coalition santé revendique que l’État joue pleinement son rôle de régulateur et de protecteur pour renforcer l'accès aux soins. Il faut redonner aux métiers de l'aide et du soin leur attractivité et investir dans la promotion de la santé. Mais, plus encore, il nous faut changer de paradigme pour mettre la santé au cœur de notre modèle de société, la considérer comme le fruit de tout un écosystème désiré et voulu collectivement. Avec des objectifs de santé publique clairement définis pour mobiliser la société civile et les pouvoirs publics.