Soins de santé
À contre-courant de la grande distribution, des initiatives inspirantes essaiment un peu partout en Belgique, pour montrer qu'il est possible de mieux manger en respectant à la fois notre santé, la planète, les producteurs et notre portefeuille. Florilège.
Publié le: 22 mai 2024
Par: Sandrine Cosentino, Barbara Delbrouck et Soraya Soussi
7 min
Photo: @AdobeStock. Différentes formules permettent de manger local, plus sain et moins cher, grâce à la réduction des intermédiaires entre producteur et consommateur...
Installée dans le vaste parc d'une maison de repos, l'asbl les jardins de la Vertefeuille a lancé il y a trois ans une activité de maraîchage bio, soutenue par la MC. Le concept : créer une communauté de "mangeurs" qui s'abonnent à la production pour la saison (mai à décembre) et viennent récolter leurs légumes chaque semaine. À la clé, moins de risques financiers et un gain de temps pour le maraîcher, ce qui lui permet de proposer des prix attractifs*. Une formule qui attire des abonnés aux profils et milieux sociaux divers, se félicitent Camille et Elise, porteuses du projet.
Chaque semaine, Camille la maraîchère détermine quels légumes sont mûrs et quelle quantité les mangeurs peuvent récolter. Des drapeaux guident les cueilleurs vers les parcelles. "Ce système repose sur la confiance. On ne peut pas en prendre plus ou moins, ni attendre la semaine suivante car les légumes seront trop mûrs, explique Elise, en charge des animations. Avant de s'engager, les abonnés sont sensibilisés au fait qu'il y a des périodes d'abondance, d'autres plus calmes et des récoltes moins bonnes à cause de la météo ou des ravageurs. "L'auto-récolte permet de rapprocher producteurs et mangeurs. Venir au champ permet de mieux comprendre tout le travail qu'il y a derrière la production de légumes de qualité, souligne la maraîchère. Les abonnés prennent aussi conscience du véritable cycle de la nature. C'est-à-dire qu'il n'est pas possible d'avoir tous les légumes toute l'année, comme dans les magasins".
Entre cueilleurs, on s'échange des recettes pour les légumes moins connus. L'asbl organise aussi des ateliers cuisine pour valoriser la production, ainsi que des cours de yoga, dans l'optique d'une démarche de santé globale. Dans la cour, une ginguette a été installée, favorisant les moments de convivialité. De quoi créer un véritable "tiers lieu" où on peut aussi bien aller chercher ses légumes, que cuisiner, faire du sport et échanger avec des gens de tous horizons.
* L'abonnement tourne autour de 300 € pour une part — soit 8,50 € par semaine — plusieurs parts étant nécessaires pour les familles ou les grands mangeurs de légumes.
Info : vertefeuille.be • 0490 46 01 92 • Chaussée de Renaix 300 à 7500 Tournai
Nouvelle habitante de Neder-Over-Heembeek, Sandrine s'est lancée dans un groupe d’achat solidaire de l’agriculture paysanne (Gasap). La Ferme urbaine (portée par l’asbl le Début des haricots) est gérée par un petit groupe de producteurs et productrices qui offre la possibilité aux consommateurs participants d'obtenir des légumes bios frais en filière courte pendant la saison de production (entre mai et septembre). Toutes les semaines, Sandrine va y chercher son panier de légumes. Comme une quarantaine d'autres familles (les Gasous) qu'approvisionne la ferme.
La solidarité est un principe majeur d’un Gasap. Producteurs et consommateurs s’engagent mutuellement et sur le long terme (un an, une saison) à collaborer. À la Ferme urbaine, avant le début de la saison, chaque membre finance un an d'achat de légumes. Cet engagement assure des revenus stables et réguliers au producteur et lui permet de prévoir les dépenses, comme les semences, sans devoir s’endetter… De leur côté, les producteurs garantissent une agriculture non-industrielle, durable et respectueuse des sols. D'ailleurs, ici à "Neder", le travail de la terre se fait par traction animale grâce aux deux ânesses de la ferme, Lola et Chemsey.
Les prix sont fixés de manière équitable. À la Ferme urbaine, un panier de sept à huit légumes frais coûte environ 20 euros pour deux à quatre personnes. Le producteur détermine le contenu du panier en fonction de la saison. Et les mangeurs acceptent de leur côtés les risques liés à la production (intempéries, maladies, etc.).
Le Gasap recrée du lien entre ceux et celles qui produisent et qui consomment. Le Début des haricots est aussi un lieu de formation, d'échanges et d'innovations en termes d'agriculture et de modèles alimentaires alternatifs. Des jeunes non diplômés viennent y apprendre la profession de maraîcher, par exemple.
Info: haricots.org • 02 644 07 77 • Mariënborre 40A à 1120 Neder-Over-Heembeek
Sur une surface de 600 m2, le Carolo Store rassemble, depuis le 1er mars, une quarantaine de productrices et de producteurs locaux. Les clients y trouvent plus de 1.500 produits, provenant pour la plupart des environs (entre 30 et 60 kilomètres du magasin).
La société est organisée en coopérative et chaque acteur peut en acquérir une part, qu'il soit producteur, acheteur ou opérateur de la logistique ou du transport. Les coopérateurs bénéficient de quelques avantages, comme une réduction de 5 % sur leurs achats. Mais tout le monde est le bienvenu dans le magasin. "En tant que producteurs, nous sommes dans le Conseil d’administration, confie au journal Le Sillon belge Thomas Geeraerts, de la Ferme de la Sève à Mellet. Cela nous permet de faire des choix stratégiques pour la production et la commercialisation." C'est aussi une manière de garantir des prix justes pour les producteurs et un coût abordable pour les consommateurs.
Les clients se réjouissent également de pouvoir acheter de la viande, du fromage, des légumes dans un même lieu, évitant ainsi de parcourir de nombreux kilomètres entre les différentes fermes. "Le circuit est plus court que dans n’importe quel autre magasin et tout y est ultra frais", appuie Thomas Geeraerts.
Cette coopérative est un des projets de la ceinture alimentaire Charleroi métropole, dont l'objectif est de mettre en réseaux différents acteurs du système alimentaire du territoire, de l’agriculteur au consommateur, afin de stimuler les circuits courts. D'autres projets ont été mis en place par cet animateur territorial : un Conseil de politique alimentaire, un Hub logistique pour le stockage et le dispatch des marchandises vers les collectivités locales et l'Horeca, des évènements de sensibilisation pour les citoyens, les associations, les acteurs politiques et économiques. En Wallonie, il existe d'autres ceintures alimentaires : à Liège, Verviers, Tournai, Huy et Namur.
Info : carolostore.be · 071 52 28 40 · Avenue de Philippeville 284 à 6001 Marcinelle · ouvert du mardi au vendredi de 10h à 19h et le samedi de 9h à 18h
Différentes formules permettent de manger local, plus sain et moins cher, grâce à la réduction des intermédiaires entre producteur et consommateur...
Le site asblrcr.be cartographie de nombreuses initiatives (GAC, GASAP, potagers collectifs). Le collectif5c.be rassemble quant à lui 40 points de vente en circuit court.
L'application mobile gratuite #jecuisinelocal, de l'Agence wallonne pour la promotion d'une agriculture de qualité (APAQ-W), permet de trouver et de géolocaliser plus de 1.165 producteurs, points de vente ou artisans ainsi que plus de 70 restaurants labellisés "Table de Terroir", qui mettent à l'honneur les produits et producteurs locaux.
Certains producteurs proposent des paniers, voire des magasins à la ferme où ils vendent leur production mais aussi des produits transformés (yaourts, fromages, etc.)
accueilchampetre.be > circuits courts
Des consommateurs se rassemblent pour acheter en gros chez un producteur. Le groupe s’organise pour passer les commandes, récupérer les produits et les distribuer, etc.
Au lieu de commander, les mangeurs s’abonnent à l’année et reçoivent une partie de la production, qui varie selon la saison et les aléas de la culture (voir article). On parle aussi d’agriculture soutenue par la communauté (CSA).
--> Les GASAP sont plus développés à Bruxelles ; certains GAC — plus nombreux en Wallonie — fonctionnent de manière solidaire. Info : gasap.be/carte
Des producteurs collaborent pour organiser la vente de leurs produits à un prix juste. Des consommateurs peuvent aussi prendre part à la coopérative.
Quelques exemples : Carolostore (voir article), Agricovert, Coprosain, Paysans Artisans, Réseau Paysan...
Certaines épiceries ou coopératives de consommateurs rassemblent elles-mêmes des produits d’agriculteurs locaux. Idem pour certaines plateformes en ligne comme Efarmz. À savoir qu’en fonction des formules, des intermédiaires sont remis à des degrés divers. À la clé, moins de revenus pour le producteur et un prix plus cher pour le consommateur...
Les potagers collectifs sont une bonne option en ville. Il est possible d’en rejoindre un près de chez soi ou d’en créer un nouveau. Pour trouver le terrain, contacter sa commune peut être une piste.