Soins de santé
Le batch cooking consiste à cuisiner à l’avance et en une fois plusieurs repas ou éléments de repas. À l’instant T, il suffit de les réchauffer. Une organisation qui a ses avantages, mais aussi ses exigences.
Publié le: 09 février 2022
Par: Candice Leblanc
8 min
Photo: © AdobeStock
"Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?" Que celui qui n’a jamais posé la question jette la première casserole ! Elle revient comme une rengaine dans tous les foyers : familles nombreuses et/ou monoparentales, étudiants ou retraités, célibataires, couples ou colocataires… La mauvaise organisation des repas peut être source de conflits, de gaspillage et de déséquilibres alimentaires. Car lorsque le frigo est vide, que l’on manque de temps, d’énergie ou tout simplement d’inspiration, on a tôt fait de se rabattre sur les plats surgelés ou de toujours manger la même chose.
Pour celles et ceux qui veulent manger mieux, le batch cooking ("cuisiner par lot" en anglais) est une piste intéressante. "Cette méthode d’organisation des repas consiste à réchauffer et rassembler dans une assiette plusieurs préparations culinaires – légumes, féculents, sauces, protéines, etc. – qui ont été réalisées à l’avance, explique Raphaël Meulemans, expert culinaire et responsable des ateliers de cuisine chez Dietconsult (1). Typiquement, les adeptes du batch cooking préparent les repas de la semaine durant le weekend."
Quand il est rondement mené, le batch cooking offre plusieurs avantages. D’abord, un gain de temps et d’énergie certain durant la semaine. En réglant la question du menu à l’avance, il épargne à ses adeptes de se creuser la tête au quotidien pour savoir quoi manger, de faire des courses tous les jours et de passer une partie de l’avant-soirée en cuisine.
Ensuite, la qualité nutritionnelle du fait-maison est supérieure aux plats préparés, aux aliments (ultra)transformés, voire aux menus des restaurants. Même si l’industrie agroalimentaire et le secteur de la restauration sont plus soucieux qu’avant de proposer de la nourriture plus saine, cuisiner soi-même reste le meilleur moyen de contrôler la quantité de sucres, de graisses, de sel et de protéines que nous absorbons. "Il est plus facile de faire les bons choix et de s’y tenir quand vous réfléchissez et préparez à l’avance ce que vous allez manger, estime Raphaël Meulemans. Raison pour laquelle le batch cooking accompagne souvent bien un projet de rééquilibrage alimentaire en cas de diabète, d’hypertension ou de surpoids, par exemple."
Enfin, la méthode permet de réaliser des économies substantielles. Les produits de saison – privilégiés dans le batch cooking – sont souvent moins coûteux et plus savoureux ; le calcul des quantités et la réutilisation raisonnée des surplus évitent le gaspillage ; les aliments secs (pâtes, riz, légumineuses, etc.) en vrac et en grand format sont moins chers qu’en petits sachets, etc. Certains adeptes parviennent ainsi à diminuer de 30 à 50 % leur budget alimentaire. Ce qui, sur une année, représente plusieurs centaines d’euros, voire davantage pour les familles nombreuses.
Mais le batch cooking a aussi ses exigences. La gestion du temps est centrale pour passer d’une cuisine "au jour le jour" à une approche beaucoup plus anticipative. Il faut penser à l’avance les menus de la semaine, faire les courses en conséquence, accepter de consacrer un moment plus ou moins long aux préparations culinaires des jours à venir, etc. Cette organisation peut être perçue, non comme une libération, mais au contraire comme une tâche supplémentaire.
Dans de nombreux foyers, c’est souvent la même personne qui se coltine la cuisine. Si certains y prennent du plaisir, pour d’autres, c’est une corvée dont il ou elle se passerait volontiers ! À cet égard, le batch cooking peut être l’occasion de redistribuer la charge mentale et logistique de la préparation des repas. "L’idéal est d’en faire un projet de couple ou de famille où chacun s’implique et participe un minimum, préconise Raphaël Meulemans. Après tout, tout le monde mange ; il n’y a aucune raison pour qu’une seule et même personne soit coincée aux fourneaux tout le dimanche après-midi pendant que le reste de la famille vaque à ses occupations !" En la jouant finement, il est tout à fait possible de faire du batch cooking un projet commun et ce, aux différents stades de la méthode.
Un reproche souvent adressé au batch cooking a trait à l’anticipation qui le caractérise. Comment savoir des jours à l’avance ce que nous aurons envie de manger ? Faut-il renoncer à toute spontanéité ? Sans oublier les fous de cuisine qui aiment improviser et laisser libre cours à leur imagination avec les ingrédients qu’ils ont sous la main. Selon Raphaël Meulemans, si le batch cooking impose un minimum d’organisation, il ne faut pas non plus s’y enfermer. Au contraire, il est nécessaire de faire preuve de souplesse et d’indulgence envers soi-même et de laisser une place à la spontanéité et à l’improvisation. "Rien ne sert de prévoir sept jours de menus : si vous cuisinez à l’avance pour trois, quatre ou cinq repas, c’est déjà super ! De même, toutes les périodes de l’année ne se prêtent pas au batch cooking. Si cette méthode peut vous faciliter la vie pendant les périodes d’examens ou de rush professionnel, à d’autres moments (fêtes, congés, etc.), il faut pouvoir lâcher du lest. Le batch cooking vise à alléger le quotidien, pas à générer de nouvelles contraintes ou frustrations."
Car le danger est de se lasser : "Si vous mangez quelque chose qui ne vous fait pas envie, vous risquez davantage de compenser avec des excès en tout genre, prévient l’expert culinaire. Autorisez-vous à modifier l’ordre des repas, à manger sur le pouce ou dehors de temps en temps, voire à cuisiner autre chose que ce qui était prévu, au gré de vos envies." Au pire, vous pouvez toujours congeler : ce sera déjà un repas de gagné !
(1) Retrouvez des idées de recettes saines et en libre accès sur www.dietconsult.be/blog.
Quand on s’adonne au batch cooking, il importe de garder à l’esprit certains principes élémentaires de cuisine… sous peine d’avoir de mauvaises surprises gustatives, voire gastro-intestinales !