Seniors
Si on parle souvent des effets du café sur le sommeil, on s’attarde plus rarement sur sa capacité à nous mettre en éveil. Et si c’était une question de sensibilité individuelle?
Publié le: 19 février 2024
Par: Valentine De Muylder
3 min
Photo: Le café du matin : en a-t-on vraiment besoin, ou est-ce plutôt un rituel qui fait du bien ? © AdobeStock
"Une bonne journée commence par un bon café", se disent celles et ceux qui en boivent chaque matin pour se réveiller. Au point de jurer ne pas pouvoir s’en passer.
Illusion ou réalité ? "La caféine est un psychotrope naturel, confirme le Dr Anne Boucquiau, médecin en santé publique et nutrition (1), mais ses effets varient fortement en fonction de la sensibilité de chaque personne et des quantités consommées. C’est pourquoi il est difficile de formuler des normes ou recommandations générales."
Face à un patient qui lui demanderait conseil, la médecin partirait plutôt de son ressenti. Car "la caféine peut avoir des effets positifs et négatifs." Non seulement elle a un effet psychostimulant sur le cerveau, mais elle agit également sur le corps à d’autres niveaux : digestif, cardiaque, musculaire… Elle peut donc augmenter la vigilance et la performance physique, mais aussi provoquer, par exemple, du reflux œsophagien, de la tachycardie ou des troubles du sommeil. C’est pourquoi on recommande aux personnes qui souffrent de certains problèmes de santé (cardiovasculaires, digestifs, insomnies…) d’adapter leur consommation.
Des études ont par ailleurs démontré que les effets stimulants du café s’estompaient chez les consommateurs réguliers. La caféine provoque en effet une hausse du taux de cortisol, hormone du stress et de l’éveil. Or cette hausse est moins importante chez les personnes qui en boivent souvent. Une forme de tolérance s’installe donc. Peut-on également parler de dépendance ? "Puisque la caféine a des récepteurs au niveau neuronal, certaines personnes peuvent ressentir un certain manque lorsqu’elles arrêtent d’en boire, indique le Dr Anne Boucquiau. Mais ce n’est en rien comparable avec la dépendance générée par la nicotine et le fait d’arrêter de fumer."
Autre étude intéressante, qui vient apporter un peu plus de nuance : celle menée récemment par des chercheurs et chercheuses de l’Université du Minho, au Portugal, qui ont comparé les IRM cérébraux de deux groupes de consommateurs réguliers. Le premier groupe avait bu un café, alors que le second s’était vu servir de la caféine seule, diluée dans de l’eau chaude.
Les scientifiques ont fait un constat surprenant : si les deux boissons avaient des effets communs sur le cerveau de tous les participants, des stimulations supplémentaires pouvaient être observées chez ceux qui avaient bu du "vrai" café. Selon les auteurs de cette étude, l’impression de "coup de fouet" que l’on ressent après avoir bu du café ne serait donc pas uniquement liée à la caféine… Elle s’expliquerait également par l’"expérience sensorielle" qui entoure le café : son odeur, son goût, les attentes psychologiques qui y sont associées… (3)
Alors, ce café du matin, en a-t-on vraiment besoin, ou est-ce plutôt un rituel qui fait du bien ?
(1) Le Dr Anne Boucquiau est enseignante dans le Certificat Interuniversitaire en nutrition clinique, et porte-parole de la Société belge des médecins nutritionnistes.
Pour éviter des effets indésirables, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) recommande aux adultes en bonne santé de ne pas consommer plus de 400 mg de caféine par jour. Pour les femmes enceintes, le seuil maximal est fixé à 200 mg par jour. La modération est également de mise pour les adolescents. L’idée derrière ces chiffres est d’attirer l’attention sur la quantité totale de caféine que l’on absorbe au cours de la journée, en tenant compte du fait que d’autres boissons en contiennent, comme le thé et surtout les boissons énergisantes. Quant à la teneur en caféine d’un café, elle varie non seulement en fonction de son temps d’infusion (un café "filtre" est généralement plus corsé qu’un expresso ou sa version allongée), mais aussi en fonction de sa variété (le robusta est plus caféiné que l’arabica).