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Des scientifiques de l'UCLouvain ont découvert une protéine jusqu'alors inconnue, qui jouerait un rôle important dans le bon fonctionnement de ses congénères. Cela pourrait permettre de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans des maladies telles que Alzheimer ou Parkinson.
Publié le: 19 octobre 2023
Par: Julien Marteleur
3 min
Photo: © Adobe Stock - La découverte devrait bénéficier aux scientifiques du monde entier et ouvre un nouveau terrain de recherches dans le domaine du développement de maladies telles que Alzheimer ou Parkinson.
Avez-vous déjà entendu parler de la protéine GroEL ? Son rôle essentiel dans le développement d'autres protéines fait qu'elle a été largement étudiée par le monde scientifique, qui pensait tout connaître à son sujet… Et pourtant ! Une équipe de de l'UCLouvain, dirigée par le professeur de biochimie Jean-François Collet (également chercheur à l'Institut de Duve), a démontré que GroEL travaillait en fait en partenariat avec une "collègue" : CnoX. La découverte, publiée en mars dernier dans la prestigieuse revue Cell, devrait bénéficier aux scientifiques du monde entier et ouvre un nouveau terrain de recherches dans le domaine du développement de maladies telles que Alzheimer ou Parkinson.
Pour mieux comprendre l'intérêt de cette étonnante découverte, il faut se pencher sur l'action de GroEL, la "superstar" des protéines. GroEL est en fait une "chaperonne", sorte de gardienne produite par les cellules du corps humain, qui "aide ses congénères à se replier rapidement en cas de danger et à les abriter", résume le Pr Collet. En se repliant, ces protéines prennent la forme d'une hélice et deviennent actives. En entrant en activité, elles permettent aux cellules de fonctionner correctement et au corps humain de se protéger des agents pathogènes responsables des maladies et des infections.
Ce que les scientifiques ignoraient jusqu'à présent, c'est que GroEL n'est pas toute seule pour accomplir sa tâche. Elle a le soutien de CnoX, la fameuse protéine découverte par l'UCLouvain. Son rôle ? Contrôler la qualité des protéines et assurer la bonne conduite de leur développement lors de leur arrivée auprès de GroEL. Elle agit donc comme la porte d'entrée vers cette dernière et participe ainsi à la préservation des protéines face aux menaces auxquelles elles doivent faire face lors de leur formation. Ce que l'équipe de Jean-François Collet a réussi à capturer "sur le vif", c'est l'interaction entre GroEL et CnoX.
"Là où cela devient intéressant, c'est que des maladies comme Parkinson ou Alzheimer sont étroitement liées à un disfonctionnement des protéines. Celles-ci se replient mal et vont changer de forme, souligne le Pr Collet. Ces changements de forme vont s'accumuler, ce qui, on le suppose, est une des causes principales de ce type de maladies, qu'on appelle d'ailleurs dans le monde scientifique des 'maladies du repliement des protéines'." Si les scientifiques parviennent à comprendre pourquoi ces protéines forment des agrégats incontrôlables dans le cerveau — comme c'est le cas pour la maladie d'Alzheimer et de Parkinson, cela pourrait donner la clé pour apporter une solution à ces pathologies. Si elle n'a pas encore d'impact direct sur les patients ou les traitements, cette découverte permettra aux scientifiques de mieux étudier la manière dont les protéines survivent dans la cellule.