Médecine

Médicaments : quelle tendance chez les enfants ?

Une étude récente de la MC révèle que les enfants consomment globalement moins de médicaments ces dernières années. Une bonne nouvelle ? Oui, mais certaines classes, comme les psychotropes, sont  en plein boom… 

Publié le: 16 décembre 2024

Mis à jour le: 15 janvier 2025

Par: Julien Marteleur

2 min

une petite fille a un médicament sur la langue

Photo: (c)AdobeStock

Pour mener à bien cette étude, les chercheurs de la MC se sont basés sur les données de facturation de 2013 à 2023, qui concernent uniquement l'utilisation de médicaments remboursés (délivrés sur ordonnance dans les pharmacies ouvertes au public). 
Premier constat : cette décennie est marquée par une tendance positive. Le nombre d'enfants de 0 à 17 ans utilisant des médicaments est en effet passé de 62 à 57 %, ce qui s'est traduit par une réduction de 16 % du volume consommé. 

Moins d'antibiotiques…

Autre bonne nouvelle : la classe des antibiotiques ne fait pas exception à cette régression. Leur utilisation chez les enfants a globalement diminué de 21,9 % entre 2013 et 2023. C'est particulièrement le cas pour la combinaison amoxicilline-acide clavulanique, prescrite en cas d'infections bactériennes et maladies ORL comme l'otite ou la sinusite (moins 45 %). Toutefois, préviennent les chercheurs de la MC, l'utilisation d'antibiotiques reste toujours élevée au sein de certaines tranches d'âge, en particulier chez les 0-1 an et les enfants en pré-scolarité (2-5 ans). Des efforts sont encore nécessaires pour continuer à réduire cette consommation chez les plus jeunes et ainsi prévenir la résistance aux antibiotiques.

... et moins de vaccins, aussi

Par contre, la vaccination infantile aurait peut-être besoin d'une campagne promotionnelle, au regard des chiffres de l'étude... Le recours aux vaccins chez les moins de 18 ans est passé de 6,8 à 5,3 % en 10 ans. Si la chute n'est pas vertigineuse, cette baisse reste préoccupante, en particulier auprès des enfants âgés de 0 à 1 an. Chez les tout-petits, c'est surtout le vaccin — non obligatoire — contre le rotavirus (à l'origine de gasto-entérites sévères) qui ne "séduit" plus. Administré avant l'âge de six mois, il a vu son nombre d'utilisateurs baisser de 20 %. Cette tendance pourrait-elle être influencée par une lassitude générale vis-à-vis des vaccins ou par des préoccupations parentales exacerbées par la pandémie de Covid-19 ? Ces hypothèses semblent étayées par un récent rapport de l'Unicef, qui pointe qu'en Belgique, la confiance dans les vaccins a chuté après la crise sanitaire, passant de 87 % à 72 %...  

Les psychotropes inquiètent

L'étude montre également une augmentation significative de l'usage des médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents ces dernières années. Les antidépresseurs, en particulier, ont connu une hausse de 54 % chez les 12-17 ans entre 2013 et 2023, portant le nombre d'utilisateurs chez les ados à 1,6 %. Là aussi, les chiffres inquiètent : les effets secondaires potentiels des antidépresseurs, notamment des troubles du sommeil et une anxiété temporairement accrue (surtout en début de traitement), sont connus et documentés…
Le méthylphénidate, prescrit pour traiter le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), a quant à lui vu son emploi augmenter de 31 % au cours de la dernière décennie. Ce médicament, indiqué pour les enfants à partir de 6 ans, est souvent prescrit pour des périodes prolongées. Ses effets à long terme sur la croissance et le développement des enfants posent également question…
Face à ces signaux, les chercheurs de la MC proposent d'établir des directives claires et d'encourager la collaboration multidisciplinaire pour assurer un suivi contrôlé des traitements. Le soutien psychologique, soutiennent-ils, doit être renforcé pour offrir des alternatives non médicamenteuses aux enfants et adolescents souffrant de ces troubles. En outre, l'accès aux soins psychologiques doit être amélioré, avec des ressources suffisantes pour répondre à toutes les demandes d'aide.