Soins de santé
Partager sa souffrance avec d'autres parents ayant perdu un enfant peut aider à surmonter l'impensable et à se reconstruire.
Publié le: 23 octobre 2023
Par: Joëlle Delvaux
6 min
Photo: © Adobe Stock
"Au quotidien, on prend sur soi pour avoir l'air présentable et donner le change. C'est épuisant, confie Gwénaëlle, maman d'une fille de 10 ans décédée dans un accident pendant un camp de lutins. Après le décès, une partie de l'entourage s'éloigne, les proches reprennent leur vie ou ne comprennent pas que cette blessure restera béante toute notre existence. C'est vrai qu'on ne se reconnait pas. On se demande si on a perdu la tête. On n'ose pas exprimer certaines pensées car elles seraient mal comprises."7
Pour Gwénaëlle, devenue animatrice d'un groupe de parole à l'asbl Parents désenfantés, les moments de partage avec d'autres parents endeuillés permettent de tomber le masque. "Même si l'on est bien entouré, on ne se sent généralement compris que par ceux qui ont vécu la même chose. On se sent moins seul aussi. Énormément de parents vivent ce chaos, à tout âge et pour tout type de deuil : maladie, accident, suicide... Même si chaque histoire est différente, on se pose les mêmes questions : Que vais-je faire le jour de son anniversaire ? Quand aurai-je le courage de ranger sa chambre ? Que vais-je répondre si on me demande combien j'ai d'enfants ?".
C'est souvent dans les groupes de parole que l'on trouve une relation vraie, nourrissante, confiante. Les échanges ont un effet libérateur, permettent de recharger ses batteries. "C’était vital pour moi de rencontrer d’autres parents, de voir comment on pouvait survivre et continuer, témoigne Danielle, sur le site internet de l'association. Nous sommes restés quelques années dans le groupe, mon mari et moi. Ce partage nous a permis d’adoucir notre souffrance et de reprendre peu à peu goût à la vie. L’association nous a permis aussi de tisser des liens d'amitié très forts."
"À une époque où tout doit aller vite, la pression sociale demande aux endeuillés de rapidement reprendre une activité professionnelle, d’aller bien", observait Caroline Fierens, accompagnatrice du deuil, lors d'une soirée d'échange organisée en juin dernier par l'asbl. Cette injonction de la société peut être source de violence… Il importe d’être à l’écoute de ce qui apporte de l’apaisement, rappelait-elle. Partager son vécu avec d'autres personnes endeuillées fait partie des ressources que l'on peut mobiliser, peu importe que le deuil soit récent ou plus ancien.
Les groupes de parole organisés par "Parents désenfantés" sont animés bénévolement par des parents qui ont perdu un enfant. Formés à l'écoute, ces parents animateurs bénéficient après chaque séance de groupe d'une supervision avec un ou une psychologue. Un entretien préliminaire est nécessaire avant de participer aux rencontres. "Nous accueillons chacun dans le respect de ses convictions. Les rencontres sont souvent intenses, denses, précise Gwénaëlle. Tout ce qui s'y passe et se dit reste confidentiel".
L'association Parents désenfantés organisent des groupes de parole destinés aux parents en deuil de leur enfant, quel que soit son âge. Entretien préalable nécessaire. Lieux et dates :
L'asbl Apprivoiser son deuil organise un groupe de parole à l'attention des adultes endeuillés. Le cycle comprend 10 rencontres de 2 heures, toutes les 2 semaines, puis espacées de 3 ou 4 semaines. Prix : 6 € par rencontre.
Lieu : Place Carnoy (campus Alma), 15 à 1200 Woluwe St Lambert.
Infos : 0474 33 76 54 • [email protected] • apprivoisersondeuil.be.
Groupe de soutien pour personnes endeuillées, "le Petit Prince a dit" propose des moments d'information, d'échange et de partage. Prochaine rencontre le mardi 7 novembre de 15 à 18h au centre culturel Bld de Smet de Nayer ,145 à 1090 Jette.
Infos : 0499 58 86 24 • [email protected] • Facebook “Le Petit Prince a dit".
L'asbl Vivre son deuil Belgique propose des groupes d’entraide aux personnes endeuillées. Animé par 2 accompagnants, le cycle de 4 rencontres (une par mois) se déroule le mercredi de 18 à 20h. Le prochain cycle débute en février 2024. Entretien préliminaire nécessaire. Prix : 30 € le cycle.
Lieu : Rue du Culot, 15b à 1341 Céroux-Mousty (Ottignies).
Infos : 0477 96 10 37 • [email protected].
Espaces PAD (anciennement "Cancer et Psychologie") proposent aux adultes endeuillés de participer à un groupe d’entraide et de soutien au travail du deuil. Animées par deux psychologues, les 5 rencontres ont lieu généralement en semaine de 19h à 21h, tous les 15 jours, avec le même groupe. Un entretien préliminaire est nécessaire. Prix : 2,50 € la séance.
Lieu : Rue Louis Loiseau, 39 à 5000 Namur
Infos : 0495 78 83 86 • [email protected].
Un groupe de parole créé à l'hôpital de la Citadelle à Liège permet aux parents ayant vécu la perte d'un enfant ou d'un bébé d'échanger les sentiments qu'ils vivent avec d'autres parents plongés dans une situation similaire. Le groupe se réunit une fois par mois, en soirée pendant 2 heures, en présence de médecins et soignants. Participation gratuite.
Lieu : Hôpital de la Citadelle, bld du 12e de Ligne, 1 à 4000 Liège.
Infos : 04 321 73 11 ou 04 321 61 87.
La plateforme des soins palliatifs de la province de Luxembourg propose à toute personne endeuillée les 2 accompagnements suivants :
Infos : 084 43 30 09 • [email protected].