Droits du patient
Le sommeil est un besoin primaire essentiel à notre santé. Pourtant, beaucoup d’entre nous connaissons des périodes d’insomnie plus ou moins fréquentes. Un trouble complexe dont il n'est pas facile de se libérer. Mais des solutions existent.
Publié le: 02 avril 2024
Par: Sandrine Cosentino
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Photo: ©AdobeStock
"J’ai perdu le sommeil. Je suis retournée sur mes pas et il ne me suivait plus. Il s’était détaché de moi, et j’errais sans lui dans la nuit." Dans son livre "Pas dormir", Marie Darrieussecq évoque ses insomnies et se pose cette question : "Qui ne dort pas quand je ne dors pas ?" Zara de Saint-Hilaire, docteure en neurosciences, décrit l'insomnie avant tout comme une plainte. La plainte d’un endormissement difficile, d’un sommeil court, de réveils fréquents et souvent durables au cours de la nuit ou trop précoces le matin.
Ces difficultés impactent les activités quotidiennes. L'insomnie ponctuelle ou aigüe est généralement causée par un comportement perturbateur ou un évènement : stress, douleur, deuil, dépression, consommation d'excitants, repas copieux… On parle d’insomnie chronique lorsque le trouble s'installe plus de trois fois par semaine depuis au moins trois mois. Najat Bouzalmad, hygiéniste du sommeil et cofondatrice de l'École du sommeil, pointe des causes multiples : "Cela peut être lié à l'anxiété, à l'hygiène de vie, aux effets secondaires de certains médicaments. Les horaires de travail et les obligations ne nous permettent pas toujours d'aborder les nuits sereinement. Il est important également de vérifier qu'une cause physiologique, comme les apnées du sommeil ou le syndrome des jambes sans repos, ne vient pas perturber l'organisme." Par ailleurs, de mauvaises habitudes avant d'aller
se coucher entretiennent le cercle vicieux de l'insomnie. On peut pointer, par exemple, l'usage des écrans, le sport intensif tardif, la consommation de boissons excitantes. Des horaires irréguliers, des ruminations et l’appréhension de ne pas trouver le sommeil ont aussi un impact négatif.
Le manque de sommeil a de nombreuses conséquences sur le corps, prévient Najat Bouzalmad. "Lorsque nous dormons, l'organisme se régénère. L'insomnie empêche ce processus. Nos fonctions cognitives sont altérées, avec un risque plus grand de causer un accident de la route, par exemple. Les risques de développer des maladies métaboliques (obésité, diabète, etc.) et des pathologies cardiovasculaires ne sont pas non plus à négliger." Enfin, les insomnies qui s'accumulent au fil des nuits font naître des troubles du comportement, de l'irritabilité, de l'agressivité et de la dépression, ajoute Najat Bouzalmad. "Le sommeil est un très bon indicateur de notre état de santé. Lorsqu'on dort bien, notre corps va mieux."
Aurélie Montin a souffert d'insomnie pendant quinze ans. "Je me suis affaiblie d'un point de vue physique mais aussi cognitif. Ma mémoire était défaillante. Toutes les fonctions de mon corps me lâchaient, se souvient-elle. Tout ce que j'ai entrepris pour retrouver le sommeil n'a pas fonctionné." Alors qu'elle était au plus mal, Aurélie a pris conscience de la nécessité de changer ses habitudes et de retrouver confiance en sa capacité à dormir. "Il est important de chercher, comme un enquêteur, les facteurs perturbant notre sommeil pour changer notre comportement", conseille Najat Bouzalmad. Les thérapies cognitives et comportementales de l'insomnie (TCC-I) sont efficaces. D'autres outils naturels peuvent aider au quotidien : relaxation, respiration, étirements, massages, musique 432 hz, yoga, sophrologie… Aurélie Montin peut en témoigner : "Il est possible de s'en sortir. La solution est en nous !"
Les insomnies d'Aurélie lui ont empoisonné l'existence pendant 15 ans. Ce trouble du sommeil avait de graves conséquences sur sa santé et son bien-être. L'insomnie est un cercle vicieux dont il n'est pas facile de sortir. Après être tombée au plus bas, Aurélie mettra en place de nouvelles habitudes pour retrouver confiance en sa capacité de dormir.