Soins de santé
Dans le cadre du projet "Tal'seum ?", une quarantaine de Bruxellois et Bruxelloises de 16 à 25 ans partagent leurs préoccupations autour des enjeux liés à la santé mentale. Morceaux choisis.
Publié le: 22 mars 2024
Par: Sandrine Cosentino
3 min
Photographie: ©ProjetTal'Seum
Emdée, 16 ans, avait des crises d'angoisse dans les transports en commun. "Le médecin m'a conseillé de prendre rendez-vous chez un psychologue mais j'ai refusé car j'avais peur. Je pensais que c'était pour les fous." Noa, 21 ans, souffre de trouble anxieux : "La question de la santé mentale me touche depuis l'enfance, mais j'ai réalisé que j'avais un problème avec ça à l'adolescence." Lili, 23 ans, sort d'une relation toxique : "Je me suis réfugiée dans la nourriture. J'ai consulté des psys mais cela me coûtait trop cher. Je n'ai appris que récemment qu'il existait des centres de santé mentale à des prix très abordables."
En 2022, Unicef Belgique a publié un rapport donnant la parole à des enfants (de 6 à 17 ans) pris en charge dans des unités de pédopsychiatrie. La conclusion est très claire : ils aimeraient qu’on prenne en considération leur avis. Porté par la Ligue bruxelloise de la santé mentale, Question santé et les structures d'intelligence collective Collectiv-a et 21
solutions, le projet "Tal'seum ? Quand les jeunes parlent de santé mentale" est né dans la foulée pour donner la parole à des jeunes de 16 à 25 ans intéressés par cette thématique.
Avoir le seum est une expression familière qui signifie être frustré, énervé, dégouté.
Les jeunes ont des choses à dire et ils ne s'en privent pas. Ils ne supportent plus les phrases toutes faites du genre : "Une rupture ? À ton âge, ce n'est rien du tout !" ou "Tu n'as pas les capacités de décider !". Leurs cartes postales interpellent la société. Ils s'adressent aux établissements scolaires : "Je trouve que le système scolaire n'est pas assez inclusif et ne permet pas l'épanouissement des jeunes." Aux décideurs : "Chères politiques sociales, je suis une fille de 23 ans qui se sent totalement démunie face au système que tu proposes. Je te demande d'adapter tes outils afin de créer plus de solidarité et de réellement répondre aux besoins humains." Aux professionnels de la santé : "Chère doctoresse aux urgences psychiatriques, j'ai repensé à toi, le jour où tu as décidé de m'enfermer, à ton refus de me parler. […] Aujourd'hui, je vais mieux, grâce à moi et tout le réseau que j'ai créé en ambulatoire." Et enfin à leurs proches : "Chère maman, j'aimerais que tu ne projettes plus tes attentes sur moi. Je souhaite que tu acceptes ce choix pour mon avenir, mes enfants, mon bonheur."
"À travers une série de questions, ces jeunes demandent aux adultes de simplifier l'accès aux services de santé mentale, constate Yahya Hachem Samii, directeur de la Ligue bruxelloise pour la santé mentale. Et nous devons pouvoir les entendre ! À la Ligue, nous travaillons sur ces questions : comment garantir une offre suffisante ? Faire en sorte que les services existants soient vécus comme proches de la population ? L'information est-elle suffisamment bien diffusée, comprise, reçue positivement ?"
Les jeunes insistent pour être pris au sérieux par les adultes lorsqu'ils abordent les questions de santé mentale. Ils se questionnent sur le sens d'un monde dirigé par des adultes pas toujours cohérents dans leurs paroles et leurs actions. "Lors de la présentation du projet en novembre dernier, se souvient Yahya Hachem Samii, les jeunes ont également souhaité rappeler qu'après leur avoir donné un espace pour s'exprimer, il était important que les adultes répondent concrètement à leurs demandes."
Performances, vidéos, podcasts, photos, cartes postales... Découvrez les productions des jeunes qui ont participé au projet "Tal'seum ? Quand les jeunes parlent de santé mentale" sur : jeunesetsantementale.be