Soins de santé
Selon une étude à laquelle a participé la MC, une bonne communication à l’hôpital permettrait d’éviter certains événements indésirables (erreurs, infections, accidents…) vécus par les patients.
Publié le: 15 janvier 2024
Par: Valentine De Muylder
3 min
Photo: Les catégories d’incidents les plus souvent cités sont le non-respect des processus ou procédures cliniques et les erreurs de médicaments. © AdobeStock
Si vous avez passé une ou plusieurs nuits dans un hôpital francophone au cours du second semestre de 2021, vous avez peut-être reçu par la suite un e-mail de la MC vous invitant à répondre à un questionnaire en ligne. Cette étude-pilote, la première du type menée en Belgique, permettait aux patients de faire part d’éventuels événements indésirables survenus lors de leur séjour : infections associées aux soins, erreurs de médicaments, erreurs d’identification, chutes…
Plus de 1.000 membres de la MC, de Solidaris ou des Mutualités Libres ont répondu à l’enquête, organisée conjointement par ces trois mutualités et l’asbl PAQS dans le but d’améliorer la qualité et la sécurité des soins. "La littérature montre qu’il y a un écart entre ce que les gens disent et ce que les institutions rapportent via les dossiers médicaux, les notes ou rapports du personnel, et les rapports d’incidents", explique Hervé Avalosse, un des deux chercheurs de la MC qui a travaillé sur le projet. Les témoignages de patients constituent donc une source précieuse d’informations pour compléter les données existantes. 15,8 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été confrontées à un événement indésirable à l’hôpital, c’est-à-dire un imprévu qui leur a occasionné (ou pourrait leur occasionner) un dommage. 43,7 % de ces patients estiment que l’événement a été bien géré par l’hôpital, alors que 42,5 % considèrent le contraire. Les catégories d’incidents les plus souvent cités sont le non-respect des processus ou procédures cliniques (examen non réalisé ou incomplet, traitement inadéquat…) et les erreurs de médicaments.
L’étude a également permis d’établir que plus les patients se sentent en sécurité à l’hôpital, moins ils ont tendance à déclarer d’événements indésirables. Il en va de même lorsqu’ils se sentent entendus ou constatent une bonne communication entre les membres de l’équipe soignante.
C’est pourquoi les auteurs de l’étude recommandent d’améliorer la qualité de la communication au sein des hôpitaux, et de ne pas hésiter à donner la parole aux personnes hospitalisées sur ces sujets. "Même si la communication était parfaite, il y aurait encore certains événements indésirables. Mais plus les patients sont écoutés, mieux on peut prévenir la survenance de ces évènements", résume Hervé Avalosse. Qui précise que "le but de l’étude n’est pas de susciter la polémique, mais la discussion" et qu’il s’agit de soutenir les efforts des hôpitaux et des soignants dans un contexte difficile.
Notre pays n’est pas le seul à avoir mené ce genre d’enquête. Le questionnaire utilisé se base en effet sur un modèle international, conçu par l’OCDE. Et le pourcentage d’événements indésirables déclarés en Belgique francophone est nettement supérieur aux pourcentages observés dans d’autres pays (autour de 10% en Allemagne et aux États-Unis, à peine 6 % en France…). Ces différences doivent être interprétées avec prudence, car les données n’ont pas été collectées de la même manière partout. Par ailleurs, dans la littérature, certaines études font état de résultats comparables aux nôtres. Néanmoins, notre "mauvais score" appuie le constat des auteurs de l’étude qu’il y a "matière à amélioration" et que la recherche gagnerait à être poursuivie.