Consommation
Regarder un film au cinéma peut être une expérience compliquée pour les personnes en situation de handicap. Depuis septembre, le projet La Perche propose des séances accessibles à toutes et tous.
Publié le: 20 novembre 2024
Par: Sandrine Cosentino
3 min
Photo: © Adobe Stock
En l'absence de rampes, d’ascenseurs ou de sièges adaptés, les personnes à mobilité réduite sont bien en difficulté d'accéder aux salles. De plus, peu de lieux offrent des sous-titres spécifiques enrichis ou des équipements d'aide auditive pour pallier un handicap sensoriel. Certains publics sont dès lors exclus des salles obscures à cause de déficits technologiques.
L'objectif du projet La Perche — acronyme de "Projections et rencontres pour cinéphiles en situation de handicap ou d’empêchement" — est de permettre au plus grand nombre de profiter de séances de cinéma. L'équipe est persuadée que mélanger les publics et rendre les espaces culturels accessibles permettront de construire une société plus inclusive.
Besoin d'une paire d'écouteurs ou d'accéder à une place PMR ? Plusieurs bénévoles accueillent les participants sur le chemin entre la billetterie et la salle afin de les aider au besoin.
En fonction des possibilités des lieux et des films projetés, différentes adaptations techniques sont possibles (voir encadré). Les coûts de dispositifs tels qu'une boucle à induction magnétique ou l’audiodescription restent les principaux freins à une plus grande utilisation.
Outre la technique, les normes implicites doivent également évoluer. "Les codes habituels des salles obscurs sont levés, précisent le personnel présent. Les spectateurs et spectatrices ont la possibilité d'entrer et de sortir tout au long de la séance. Le son de certains films sont légèrement baissés et une lumière tamisée réchauffe l'atmosphère de la salle."
La séance se termine dans une ambiance décontractée autour d'un verre. Les spectateurs échangent bien sûr leurs impressions sur le film. Mais des commentaires plus spécifiques agrémentent les conversations. "Sans dispositif particulier, ma compagne aurait
dû me décrire les différentes scènes, raconte un spectateur malvoyant. Mais grâce à l'audiodescription, nous avons tous les deux profité de notre séance", se réjouit-il. "Les sous-titres en français ne m'ont pas dérangé et m'ont parfois aidé pour mieux comprendre certains dialogues", ajoute un adolescent. Sans aucun doute, un avenir plus accessible et inclusif se profile pour le cinéma.
"Bernadette" de Léa Domenach, le vendredi 20 décembre à 14h au Quai10 à Charleroi
"Linda veut du poulet" de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, le dimanche 22 décembre à 14h à Cineflagey à Bruxelles (à partir de 6 ans)
"Le voyage de Chihiro" de Hayao Miyazaki, le lundi 3 février à 14h à Plaza à Mons
Les adaptations techniques proposées (différentes en fonction des lieux) sont listées sur le site de La Perche.
Accès PMR (personnes à mobilité réduite) : accès à la salle et à des toilettes adaptées mais également à des emplacements de qualité dans la salle.
Sous-titres SME (sourds et malentendants) : retranscription écrite des dialogues et de la source d'où ils proviennent mais aussi des bruits et d'autres éléments non dialogués de la bande son.
Audiodescription : description des éléments visuels d'une oeuvre (décors, personnages, actions, gestuelle) pour les personnes
aveugles ou malvoyantes afin de leur donner des éléments essentiels pour une bonne compréhension de l'action.
Boucle à induction magnétique : permet de mieux entendre le son du film et de diminuer les autres sons. Ce système est utilisable par les personnes équipées de prothèses auditives.