Consommation
Début avril, le Giec publiait le troisième et dernier volet de son sixième rapport. Pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et éviter les scénarios les plus sombres, le pic des émissions de gaz à effet de serre doit être atteint en 2025. Le temps presse, mais les solutions existent, conclut le Giec.
Publié le: 09 mai 2022
Par: Sandrine Warsztacki
3 min
Photographie (c) Adobestock: Au-delà de 1,5 °C, la capacité des écosystèmes à s'adapter sera mise à mal.(c)AdobeStock
C'est un nouveau pavé de 3.625 pages que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) jette dans la mare. Les 278 scientifiques qui l'ont rédigé ont passé en revue plus de 18.000 études, qui s'ajoutent aux 48.000 références déjà épluchées dans les deux premiers volets du rapport !
En août 2021, les scientifiques tiraient la sonnette d'alarme dans le premier volet : la température planétaire a augmenté de 1,1 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Le réchauffement s'accélère. Sans un renforcement des politiques actuelles, le monde se dirige vers un réchauffement de 3,2 °C d'ici la fin du siècle. Pour ceux qui en douteraient encore, ce rapport confirme le lien sans équivoque entre le dérèglement du climat et l'activité humaine. Il confirme aussi le lien avec l'augmentation des phénomènes climatiques extrêmes. Canicules, inondations, tempêtes… les conséquences sont en partie irréversibles. Et les scénarios esquissés dans le second volet du rapport donnent le vertige pour le futur. Au-delà d'un réchauffement "limité" à 1,5 °C, la capacité de nos sociétés et des écosystèmes à s'adapter serait sérieusement mise à mal. "Chaque fraction de degré compte", précisent les scientifiques. À titre d'exemple, le Giec estime qu'avec un réchauffement de 1,5 °C, 350 millions d'habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d'eau. Avec 2 °C, ce sont 400 millions d'humains qui en souffriront …
Pour endiguer le réchauffement à 1,5 °C, poursuit le Giec dans son dernier volet, les émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui sont en augmentation constante, doivent décroitre dès 2025 et être divisées par deux d'ici 2030. Pour ce faire, l’utilisation mondiale du charbon, du pétrole et du gaz devraient respectivement décliner de 95%, 60% et 40% d’ici 2050.
" Nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement ", a déclaré Hoesung Lee, le président du Giec, dans la presse. Mais il faut agir vite, frapper fort et sur tous les fronts : énergie, agriculture, industries, villes, transports.... "Il existe des options d'atténuation disponibles aujourd'hui dans tous les secteurs, à même de réduire nos émissions de gaz à effet de serre significativement et à un coût raisonnable. Ces options sont multiples : certaines reposent sur des technologies disponibles, d'autres sur des transformations de nos modes de production, de nos infrastructures ou de nos organisations sociales. Le rapport est extrêmement clair : c'est un panel de leviers qui, mobilisés ensemble, sont à même de réduire significativement les émissions. La composition exacte, c'est aux politiques, au débat public et aux territoires de l'adopter", expose Céline Guivarch, économiste des changements climatiques et coautrice du rapport, sur France info. Et de poursuivre sans ambages : "Une des conclusions robustes de ce rapport, c'est que le coût de l'action est moins important que le coût de l'inaction." Nous sommes à la croisée des chemins.
Énéo et Grands-Parents pour le Climat s’allient pour la campagne "Planète en danger : debout les aînés !". La question climatique est souvent associée à un choc entre les générations, opposant les jeunes préoccupés par leur futur à leurs aînés qui ont connu le temps de la consommation insouciante. "Nous sommes conscients que les enjeux de société d’il y a 50 ans n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Mais nous ne souhaitons pas participer à cette division entre les citoyens", plaide le mouvement social des aînés. "De plus, notre société est principalement réfléchie pour les personnes actives, valides, et aisées. De ce fait, elle exclut les minorités dont peut faire partie le public des aînés. Mais ceux-ci peuvent autant contribuer à l’amélioration de notre contexte de vie, que bénéficier des bienfaits positifs des initiatives écologiques."