Environnement

Climat : qu'est-ce qui pousse à s'engager ?

Plus on est informé sur le changement climatique, plus on est préoccupé par le sujet et plus on semble prêt à s'investir personnellement pour le freiner, suggère une enquête de la MC. 

Publié le: 15 janvier 2025

Mis à jour le: 20 janvier 2025

Par: Barbara Delbrouck

6 min

population qui manifeste pour l'action pour le climat

Photo: © Adobe Stock // Pour beaucoup, l'inquiétude est plus grande pour les générations futures que pour soi-même. Pourtant, les impacts du changement climatique sont déjà bien présents, notamment sur la santé.

Urgence d'agir versus mobilisation en panne

En 2024, un cap symbolique a été franchi, avec pour la première fois une élévation de la température mondiale annuelle de 1,5°C au-dessus du niveau de l’ère préindustrielle. Et ce, beaucoup plus tôt que prévu. Alors que les rapports sur le changement climatique font état de records dans tous les domaines et de l’urgence d’agir (1), la mobilisation sur le climat semble en panne. Les Belges ont-ils pour autant cessé de s’intéresser au climat ? Et qu’est-ce qui peut les pousser à se mobiliser ? Une enquête du service étude auprès des membres de la MC apporte des éléments de réponse… Début 2024, un questionnaire en ligne a été envoyé aux affiliés. Sur base des réponses fournies par 910 membres, les chercheurs ont pu établir certains constats (2). Le principal : plus on est informé sur le changement climatique, plus on en est préoccupé et plus on semble prêt à agir. 

Inquiétude pour les générations futures

Les affiliés ont aussi été sondés sur leurs sources de préoccupation (voir encadré). L’inquiétude vis à vis du changement climatique est nettement plus élevée quand elle concerne l’impact sur les générations futures que sur soi-même, relève l’étude. Les questions financières, bien que dans une moindre mesure, sont également source de grande inquiétude. Des résultats qui montrent que les effets du changement climatique sont encore vus comme une problématique lointaine, au niveau spatio-temporel. Pourtant, il a été démontré que ceux-ci sont malheureusement déjà bien présents chez nous, notamment au niveau de la santé. Augmentation de certaines pathologies liées aux pics de chaleur, aggravation des allergies aux pollens, hausse des troubles respiratoires liés à la concentration d'ozone dans l'air ainsi qu'aux moisissures dans les maisons inondées, apparition de certaines maladies tropicales comme la dengue, etc.  

Pas qu'un problème de riche  

On entend souvent que le changement climatique ne préoccuperait que les gens aisés, en bonne santé, qui ont le temps et le luxe de s'y intéresser. Contrairement aux personnes qui doivent faire face à la maladie ou qui ont du mal à joindre les deux bouts, trop occupées à "survivre". Les résultats de l'enquête réfutent cette vision : les gens vulnérables financièrement et en moins bonne santé se montrent, au contraire, légèrement plus préoccupés par le changement climatique que ceux ne devant pas faire face à ces problèmes. Et ce, malgré un moindre niveau d’information (pour les personnes vulnérables financièrement). Pour cause, ce sont souvent eux qui sont touchés en priorité par les effets du changement climatique, malgré le fait qu'ils y contribuent généralement moins en prenant l'avion par exemple… Ils ont en outre moins les moyens d'agir, en investissant par exemple dans des panneaux solaires ou l'isolation de leur maison. D'où l'importance de pouvoir compter sur des politiques de transition écologique justes socialement et adaptées à tous. Actuellement, un effet pervers est que les aides gouvernementales se retrouvent souvent dans la poche des personnes plus aisées, qui ont l'argent pour faire des rénovations. Des campagnes d'information en lien avec les réalités de chacun sont également essentielles. 

Plus on est informé, plus on agit !  

Le but principal des chercheurs était de voir s'il existait une corrélation entre les connaissances sur le changement climatique, les préoccupations à ce sujet et les comportements personnels en faveur du climat. Résultat : ces trois éléments sont bien liés ! Plus on est informé, plus on est inquiet (en particulier par rapport aux effets potentiels sur la santé). Et ce, indépendamment des différences démographiques et socio-économiques entre les personnes. Les personnes les plus informées (et donc inquiètes) ont également davantage tendance à passer à l’action, en changeant leur mode de vie ou en s'engageant, par exemple dans une association de protection de la nature. Et elles sont davantage convaincues de l’impact des mesures qui ralentissent le changement climatique. 

Informer sur des solutions concrètes et positives

Cette étude vient confirmer l'idée qu'informer est crucial pour susciter l'action. Mais comment expliquer que la mobilisation soit en berne actuellement, alors qu'on n’a jamais été aussi alertés de l'urgence climatique ? Les chercheurs du service étude évoquent une piste. S'il est important de sensibiliser aux dangers du changement climatique, il est contreproductif d'uniquement faire peur. Sinon les gens se sentent découragés : à quoi bon contribuer ? Il est essentiel de parler aussi des nombreuses histoires positives et des actions qu'on peut mettre en place pour lutter contre le changement climatique, notent les chercheurs. Au lieu de culpabiliser, il faut plutôt inspirer les autres et montrer comment il est possible d'agir concrètement… C'est de l'action que vient la conviction. Et pas le contraire…

Les chercheurs notent la possibilité d’un biais, du fait du caractère volontaire des réponses à l’étude. Il est possible que les personnes qui trouvent le thème de l'étude important aient été plus susceptibles d'y participer.