Environnement

Environnement : à la côte belge, les dunes sont de retour

Pour faire face au changement climatique et protéger la côte belge de la hausse du niveau de la mer, le projet Duin voor Dijk étudie la réimplantation de dunes sur les plages.

Publié le: 18 novembre 2024

Mis à jour le: 25 novembre 2024

Par: Valentine De Muylder

4 min

une plage avec des dunes et des oyats

Photo: (c) Valentine De Muylder // À Knokke, deux zones de 30 mètres sur 90 ont été délimitées sur la plage.

Et des vagues de dunes,
Pour arrêter les vagues…

Après avoir lu cet article, vous n’écouterez peut-être plus Le Plat Pays de la même manière. Car oui, comme le chantait Jacques Brel, les dunes protègent les terres des assauts de la mer. Et elle monte, la mer. À un rythme qui s’accélère. Sous l’effet du réchauffement de l’eau et de la fonte des glaces, des phénomènes liés au changement climatique, son niveau pourrait augmenter de 25cm à 1m40 d’ici 2100, et de 36cm à plus de 5 mètres d’ici 2150.

Pour faire face à ces prévisions, la Flandre développe un plan stratégique pour l’avenir de la Côte (kustvisie) qui mise, entre autres, sur la reconstitution de la barrière naturelle des dunes. "Les conclusions des études qui ont été menées, c’est que la meilleure défense de la côte belge, c’est d’avancer de plus ou moins 70 mètres vers la mer et de recréer progressivement des dunes", explique Antoine Geerinckx, échevin de l’Environnement de Knokke-Heist. Les digues seront également renforcées et le niveau des plages réhaussé, précise-t-il.

Faire pousser des dunes

Mais comment faire renaître des dunes là où elles ont disparu ? Et de quelle manière vont-elles résister aux tempêtes et aux grandes marées ? C’est ce que cherchent à préciser les projets-pilotes Duin voor Dijk (littéralement "dune devant la digue"), menés conjointement par la Région flamande, les universités de Gand et de Louvain, et les communes côtières d’Ostende, Middelkerke et Knokke-Heist. Concrètement, il s’agit de planter ou de favoriser le développement de la végétation sur des portions de plage. En grandissant, les plantes vont retenir le sable avec leurs racines, ce qui va entrainer le développement des dunes.

À Knokke, deux zones de 30 mètres sur 90 ont été délimitées sur la plage, à hauteur de la place Rubens. Quelques mois après avoir été plantés, les jeunes pousses d’oyat – ces longues herbes, typiques des dunes – ont pris un peu d’ampleur et le sable commence doucement à s’y accumuler, fait remarquer Antoine Geerinckx. Qui ajoute que l’endroit n’a pas été choisi par hasard, car il s’agit d’un point faible, où le risque d’inondation sera plus élevé.

Un paysage en transformation

À l’avenir, on peut donc s’attendre à voir les dunes réapparaitre tout le long de la côte belge, assure-t-il. "L’objectif est de s’inspirer de l’expérience des Pays-Bas, qui ont été confrontés à de bien plus grandes inondations que nous en 1953, et qui ont déjà réimplanté des dunes à plusieurs endroits. Il suffit d’aller jusqu’à Cadzand pour le constater." Mais plus de dunes ne voudra pas dire moins de plages, insiste-t-il, rappelant que l’idée est de faire reculer le bord de l’eau, en augmentant l’apport de sable d’année en année.

En attendant, les minuscules plants apportent une touche végétale bienvenue sur cette portion du littoral (comme tant d’autres en Belgique) où seules subsistent les fleurs en papiers. " Il est trop tôt pour tirer des conclusions, mais je n’ai entendu que des échos positifs sur ces dunes. Ça rend l’endroit un peu plus agréable." Installés tout autour de la zone, les vacanciers semblent bien respecter l’interdiction de s’y aventurer. Peut-être certains s’intéresseront-ils de plus près à la raison d’être du projet…

Agir sur les causes

"L'ampleur exacte de l'élévation du niveau de la mer dépend en grande partie de notre comportement en tant qu'êtres humains au cours des prochaines décennies", apprendront-ils alors en lisant les panneaux d’information. Et de rappeler l’importance cruciale d’agir sur les causes du changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effets de serre : "Ce qu’on fait ici, c’est de l’adaptation. Mais il faut aussi travailler à la prévention et à l’atténuation."