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Certaines sont "presque crédibles", d’autres complètement farfelues. Si les théories climatosceptiques atteignent toutes les sphères de la société (politiques, académiques, scientifiques…), elles n'en sont pas moins fausses.
Publié le: 16 avril 2024
Par: Soraya Soussi
3 min
Illustration: © AdobeStock
"Les arbres ont besoin de CO2, donc plus il y a de dioxyde de carbone, mieux c'est !" "Le climat a toujours connu des périodes de températures extrêmes. C'est cyclique." Ou encore : "Il fait glacial dans plein de pays. Où est-il, ce réchauffement climatique ?" Parmi les climatosceptiques, des intellectuels, des politiciens, des multinationales et même des scientifiques diffusent depuis les années 80 des théories rejetant la responsabilité de l'être humain dans le réchauffement climatique. D’autres nient carrément son existence.
L’une des théories des plus répandues chez les climatosceptiques est celle qui relativise le rôle du CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre, responsable du réchauffement de la planète. Selon eux, non seulement le CO2 n’est présent qu’en petite quantité dans l'atmosphère mais en plus, il disparaitrait en cinq ans. En réalité, le dioxyde de carbone se dissipe de manière hétérogène. Une partie du CO2 en excès est rapidement absorbée par les puits naturels terrestres (arbres, végétation, sols...) et océaniques, mais une autre persistera dans l’atmosphère durant plusieurs siècles ! En outre, la déforestation massive ne permet pas aux arbres d’absorber une partie du dioxyde de carbone, comme l’acidification des océans (causée par l’activité humaine) entrave largement ce processus naturel.
Des hivers plus rudes ou des blizzards intenses dans certaines régions du monde contredisent-ils les théories du réchauffement climatique ? Cela peut paraître contre-intuitif, mais il ne faut pas confondre climat et météo : la météorologie étudie les phénomènes et conditions atmosphériques sur des courtes périodes. Tandis que le climat concerne l’évolution de l’atmosphère sur le long terme. En gros, ce n’est pas parce qu'il fait froid une semaine, une saison, ou même plusieurs hivers que la température moyenne ne s’élève pas quand on l’enregistre sur une période beaucoup plus longue. Les travaux du Giec prouvent que la température globale de la planète s’approche du seuil critique de +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900).
Le fait que la température globale de la planète augmente en moyenne, n’implique pas non plus de manière simple et automatique qu’il fasse plus chaud dans tous les pays. Le climat mondial obéit à des mécaniques complexes incluant des courants maritimes, des déplacements de masses d’air, etc. L’augmentation de la température de la planète dérègle ces mécaniques et agit de manière incertaine sur le climat, causant notamment des évènements climatiques extrêmes (sécheresse, vague de chaleur, inondations, etc.) de plus en plus fréquents.
Si la science est par essence en constante évolution, des sujets comme le réchauffement climatique font l’objet aujourd’hui d’un consensus scientifique fort. Par consensus scientifique, on entend une vérité établie, dans un domaine d’étude en particulier, à la suite d’un rassemblement de preuves vérifiables et acceptées par la communauté scientifique. Le consensus scientifique augmente avec le volume de recherche sur le sujet et implique un accord général mais pas forcément unanime. C’est une vérité qui se construit sur le long terme. De la même manière que la météo du jour se différencie du climat, des études prises de manière isolées ne suffisent pas à établir un consensus. Ce qui compte, ce sont les nombreuses données récoltées sur une longue période. La crédibilité d'un consensus repose sur la transparence, la qualité des preuves et les analyses d’envergure qu’il demande.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a été créé en 1988 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement et par l’Organisation météorologique mondiale. Aujourd’hui, le Giec c’est :
• 195 pays membres
• Plus de 2.500 scientifiques
• 6 rapports
• 2.000 à 3.000 pages d’études, preuves, conclusions et recommandations pour le climat