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Une base de données, reconnue mondialement et créée par la chercheuse de l'UCLouvain Debarati Guha-Sapir permet de prévenir les risques liés aux catastrophes naturelles.
Publié le: 15 janvier 2024
Par: Soraya Soussi
3 min
Photo :: © Adobe Stock
Janvier 2024. En Flandre, des images saisissantes d'une tornade qui dévaste tout sur son passage en quelques secondes a donné des impressions d'apocalypse. Les autorités ont rapidement déclenché le plan catastrophe dans le pays, encore marqué par les traumatismes des inondations de l'été 2021. Les événements météorologiques extrêmes augmentent et s'intensifient à travers le monde : incendies, sècheresses, inondations... Pourquoi les catastrophes sont plus nombreuses ? Est-il possible de les prévoir et ainsi prévenir leurs dégâts ?
Pour répondre à ces questions, en 1988, la professeure émérite de l'UCLouvain, Debarati Guha-Sapir a créé une base de données, l'EM-DAT, qui recense toutes les catastrophes naturelles dans le monde. En octobre dernier, Tokyo a reconnu son travail en lui décernant le Prix international "Blue Planet" qui récompense les initiatives en faveur de la préservation de l'environnement.
Créée au sein du Centre de recherche sur l'épidémiologie des désastres de l'UCLouvain (CRED), la base de données EM-DAT a recensé plus de 26.000 désastres de masses depuis 1900, soit des catastrophes naturelles qui ont causé au moins le décès de 10 personnes, en ont touché 1.000 et qui reçoivent une aide internationale. Mais pourquoi parler d'épidémiologie pour une catastrophe naturelle ? "Un tremblement de terre ou une inondation, c'est comme un virus : tout le monde ne meurt pas mais certaines personnes sont plus touchées que d'autres. Notre travail est d'analyser et comprendre les multiples raisons qui expliquent que certaines personnes risquent davantage de subir les catastrophes naturelles", explique la chercheuse.
De nombreuses organisations internationales comme l'ONU, le Giec, l'Organisation météorologique mondiale, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) utilisent cette base de données belge. Ces institutions s'intéressent de près à cet outil qui permet non seulement d'objectiver l'ampleur des catastrophes, d'identifier les zones et populations à risque mais également de mieux calculer les coûts engendrés et les besoins nécessaires à la reconstruction des sites détruits. "Les sources qui alimentent notre base de données sont multiples. Des institutions internationales, des associations d'aide humanitaire, des scientifiques, des compagnies d'assurances nous partagent des chiffres sur les dégâts économiques, humains, matériels, etc.", souligne l’épidémiologiste. Néanmoins, la récolte de ces données n'était ni assez complète, ni assez précise. "Aujourd'hui, grâce à l'intelligence artificielle, nous pouvons traduire les données fournies par des satellites pour perfectionner notre outil", se réjouit la professeure.
Au total, 184 pays participent à l'enregistrement et utilisent la base de données. Grâce à cet outil, on apprend par exemple que 90 % des catastrophes naturelles sont de nature climatique (inondations, incendies…) contre 10 % qui sont d'ordre géophysique (tremblements de terre, éruptions volcaniques, tsunamis). "Nous avons constaté une nette augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes liées aux changements climatiques", affirme Debarati Guha-Sapir. Mais le climat n'est pas l'unique cause, précise-t-elle. "L'aménagement du territoire y est également pour beaucoup dans le cas des inondations, par exemple. Plus vous bétonnez des espaces, moins la pluie est absorbée par les terres."
La base de données EM-DAT ne permet pas de prédire à l'avance où et quand une catastrophe s'abattra sur une région du monde. Mais c’est un outil précieux pour guider les politiques environnementales et la prévention à l'échelle mondiale.