Soins de santé
La société civile se mobilise à travers la Coalition 8 mai pour faire de cette date un jour férié et de lutte contre la montée des extrêmes droites.
Publié le: 24 avril 2024
Par: Soraya Soussi
3 min
Photo: © Belgaimage // À travers le devoir de mémoire, la Coalition 8 mai entend lutter contre toutes les formes de fascisme, de racisme et de xénophobie.
8 mai 1945. Les Alliés libèrent l'Europe de l'Allemagne nazie et du fascisme, marquant ainsi officiellement la fin de la Seconde Guerre mondiale. 79 ans plus tard, les sociétés démocratiques, les valeurs d'universalité et d'égalité sont à nouveau menacées par la montée des partis d'extrême droite en Europe, dopés par le climat de crise.
Née en 2022 à l'initiative d'Ellen De Soete, fille de résistants durant la Seconde Guerre mondiale, la Coalition 8 mai rassemble des syndicats, des organisations et des personnalités de la société civile, des milieux culturels et académiques. "À travers le devoir de mémoire, la Coalition 8 mai entend lutter contre toutes les formes de fascisme, de racisme et de xénophobie", précise Lucas Van Molle, expert politique santé à la MC. S’opposer aux idées d’extrême droite, c’est plus largement prendre le parti de toutes les victimes de violences et de discriminations : communautés LGBTQIA+, femmes, enfants…
C'est aussi rappeler que nos sociétés démocratiques sont fondées sur le pluralisme et l'existence d'instances indépendantes et de contre-pouvoirs. Les organisations de la société civile fédèrent et mobilisent les forces sociétales autour de revendications claires et structurées garantissant ainsi la paix sociale et défendent les droits les plus fondamentaux, martèle Lucas Van Molle.
Cela fait une quinzaine d'années que les partis d'extrême droite gagnent du terrain en Europe. Ils se montrent plus fréquentables et "adoucissent" leur discours en faveur de propos plus "politiquement corrects". Mais une fois au pouvoir, le voile tombe.
En Hongrie, Victor Orban mène depuis 2010 une politique autoritariste, nationaliste et conservatrice en affaiblissant les contre-pouvoirs, en muselant les médias et en limitant l'indépendance de la justice. En 2022, l'Italie a viré au bleu foncé avec à la tête du gouvernement Giorgia Meloni, représentante du parti post-fasciste Fratelli d'Italia. La cheffe du gouvernement italien dirige des politiques anti-migratoires, homophobes, à l'encontre des droits humains, encourage et promeut la famille "traditionnelle", pénalisant les autres…
Pour l'instant, plus de la moitié des pays de l'UE comptent dans leurs instances des partis d'extrême droite, qu'ils soient à la tête des gouvernements, au parlement ou dans l'opposition : Belgique, France, Pays-Bas, Allemagne, Italie, Espagne, Finlande, Suède, Pays-Bas, Luxembourg… Dernièrement, le parti d'extrême droite Chega a fait une percée historique au Portugal aux législatives.
Les partis d'extrême droite ne forment pas un bloc homogène. Certains s'affichent eurosceptiques, d'autres jouent le jeu de l'Europe tant que ça leur sert. Mais tous ont en commun d'être radicaux, nationalistes et populistes. "La première chose que l'extrême droite fait quand elle monte au pouvoir, c'est affaiblir les contrepouvoirs", rappelle Lucas Van Molle.
"On sait quand les idées radicales, conservatrices et populistes arrivent au pouvoir mais on ne sait jamais quand elles partent", lançait Vincent Edin, journaliste et écrivain français invité à la journée d'étude du MOC/Ciep sur l'extrême droite à Louvain-la-Neuve. L'auteur du livre "En finir avec les idées fausses propagées par l'extrême droite" conjure l'assemblée : "S’il vous plait, ne faites pas la même erreur que nous en France : maintenez votre cordon sanitaire ! " Car le cordon sanitaire permet, lors d’une formation politique au gouvernement, d’exclure les partis d’extrême droite de toute majorité. Mais c’est finalement aussi le choix dans les urnes qui fera du 9 juin 2024, un dimanche noir ou non.