Droits du patient
Avec le jeu de rôle "Sécuons-nous !", Ocarina propose une animation ludique pour sensibiliser les jeunes qui sortent des études aux droits et mécanismes de la sécurité sociale.
Publié le: 19 novembre 2024
Par: Sandrine Warsztacki
3 min
Photo: © AdobeStock - En transformant la sécurité sociale en un grand jeu de société, "Sécuons-nous !" fait de ces enjeux complexes un sujet tangible et captivant.
Dans une salle de classe transformée en plateau de jeu, Fanny Debatty, animatrice Ocarina, distribue les cartes de la vie : maladie, accident, perte d’emploi… Autant de coups du sort auxquels les participants à la table devront faire face en jonglant stratégiquement avec leur capital de points "bien-être" et "money". Mais les personnages incarnés par les jeunes joueurs ne partent pas tous avec les mêmes chances : il y a Maurice, modeste retraité ; Richard, médecin bien installé dans la vie ; Abdel, étudiant ; Chantale, maman solo… Et pour corser le défi, chacun de ces personnages se décline en deux versions vivant dans des mondes parallèles. D'un côté celui des "soliDaires", dont les joueurs doivent reverser une partie de leur argent dans la caisse à chaque tour, en contrepartie de quoi ils bénéficient de divers avantages en cours de partie. De l'autre, celui des "soliTaires", sorte de dystopie dans laquelle la sécurité sociale n'aurait jamais vu le jour
Illustration : (c) Marion Sellenet
"Rappelez-vous, on n’est pas dans Monopoly ! L’objectif n’est pas de s'enrichir, mais de garder assez de points de bien-être pour survivre", prévient Fanny. Devant les visages concentrés, sa collègue Nathalie Boucher rassure : "Les règles peuvent sembler complexes au début, mais ça devient vite intuitif." Comparée à la complexité de la sécurité sociale, serait-on tenté de commenter, cela semble effectivement un jeu d’enfant...
Entre éclats de rire et petits désastres du jeu, les animatrices déroulent patiemment les étapes de ce labyrinthe de droits sociaux à grands renforts de présentations PowerPoint. "Les jeunes évoquent souvent des expériences personnelles pendant la partie : le chômage d’un parent, la maladie d’un proche… Ils prennent conscience que ces mécanismes, qui peuvent sembler techniques, les touchent dans leur quotidien", commente Fanny. "Cette couverture contre les risques de la vie peut paraître lointaine quand on est jeune, en bonne santé, et qu’on a la vie devant soi. Mais elle nous accompagne depuis toujours, et ce dès la naissance, avec la première facture d’hôpital", illustre sa collègue.
Au bout de quelques tours, deux dynamiques bien distinctes se dessinent entre les groupes de joueurs. Chantale T., des "soliTaires", frôle le game over, tandis que la situation de Chantale D., des "soliDaires", s’améliore un peu malgré un départ difficile. Maurice T. doit débourser 100 "money" pour une prothèse de hanche qui n’en a coûté que 10 à Maurice D. Faire appel à la charité des autres joueurs est sa dernière chance. "Je gagne quelque chose si je l'aide ?", hésite une participante. "Juste le plaisir d’avoir accompli une bonne action. On n'a pas prévu de déduction fiscale pour les dons", la taquine Fanny, l’animatrice.
En transformant la sécurité sociale en un grand jeu de société, "Sécuons-nous !" fait de ces enjeux complexes un sujet tangible et captivant, que ces jeunes, qui s’apprêtent à plonger dans la vie active, apprendront à connaître et, espérons-le, à défendre. "On fait de la prévention en termes de droits sociaux, avec des conseils très pratiques pour limiter ses frais de santé, etc. Et on fait de la prévention contre les stéréotypes, comme le cliché que tous les chômeurs seraient des profiteurs", résume Fanny, toujours prête à dégainer un graphique au tableau pour confronter les idées reçues à la réalité des chiffres.