Droits du patient
Si les modèles familiaux évoluent, les fêtes de fin d'année qui rassemblent traditionnellement les familles se vivent également différemment.
Publié le: 20 décembre 2023
Par: Soraya Soussi
6 min
Photo: © Adobe Stock
Les fêtes de fin d'année approchent à grands pas. Noël est traditionnellement la fête familiale par excellence. Seulement, tout le monde ne se retrouve pas forcément dans la carte postale idéalisée de la famille nucléaire réunie autour du sapin... Certains souhaitent un Noël classique qui réunit tous les membres de la famille, avec les traditionnelles dindes et bûches de Noël, sans oublier la distribution de cadeaux. D'autres, en revanche, veulent le fêter seul, hors du pays, en petit comité, plus sobrement, entre amis, dans une association au service d'autrui… Il y a également les personnes frappées par la séparation, le deuil ou encore les ruptures familiales. Chacun vivra la fin de l’année en composant avec ses réalités.
"Nous n'avons pas tant d'occasion de se réunir tous les quatre durant l'année. Alors, nous avons pris l'habitude de fêter Noël entre nous." Marie et son compagnon sont tous les deux musiciens. Ils voyagent souvent, donnant des concerts à travers l'Europe. Les deux quinquagénaires ont deux enfants âgés de 15 et 18 ans. Comme de nombreux adolescents, ils passent la plupart de leur temps avec leurs amis. "Lorsqu'ils étaient plus petits, nous évitions de voyager. Mais quand nous avons eu l'opportunité de nous faire connaître à l'étranger, nous avons eu une discussion familiale et établi des règles sur le mode de fonctionnement à la maison. Dans la foulée, nous avons convenu que nous fêterions Noël juste entre nous." C'est ainsi que malgré les vies croisées à la maison, les quatre membres de la famille ont mis un point d'honneur à se retrouver le 25 décembre à midi pour fêter Noël de la façon la plus traditionnelle : un menu raffiné, le grand sapin qui orne le salon, et à son pied de nombreux cadeaux… "En dehors de nous quatre, la famille n'est de toute façon pas très élargie. Certains trouvent cela plutôt triste que nous 'ayons besoin' de Noël pour se rassembler mais pour nous, l'effet d'exception rend cette fête familiale particulière et précieuse pour tous les quatre."
Julia et Elliot sont en couple depuis 6 ans. Ils se sont rencontrés lors d'une mission humanitaire à l'étranger et ont décidé de vivre en Belgique d'où est originaire Elliot. Julia vient d'Italie donc chaque année, elle descend dans le sud pour fêter Noël avec ses parents et sa soeur. De son côté, Elliot retrouve sa famille, à Louvain. Le problème, c'est qu'avec des vies et des familles vivant dans des pays différents, ils n'ont jamais l'occasion d'être ensemble à Noël. Depuis deux ans, en plus de fêter Noël en famille chacun de son côté, le couple a décidé de le célébrer à deux : "C'est une soirée spéciale, juste pour nous. On s'offre de beaux cadeaux et un bon repas. Cela permet de nous recentrer sur notre couple, de sortir de la routine du quotidien, qui tue parfois la romance", confie Elliot.
Célébrer Noël avec du monde n'est pas au goût de toutes et tous. Lorsque dîner de famille rime avec conflits, par exemple. Certaines personnes, par choix ou non, décident alors de fêter Noël seules. "C'est l'occasion de prendre soin de moi, de cocooner devant une série ou des films de Noël, pour faire cliché. Je me prépare le repas que je souhaite, en m'habillant comme je le veux et je m'offre un beau cadeau", assume Charline dont la famille réside à l'étranger et avec laquelle elle ne s'entend plus.
Pour Arthur, Noël est difficile à célébrer. Pourtant, il chérit cette fête qui lui rappelle de nombreux souvenirs d'enfance plutôt joyeux. "Je me suis séparé de ma femme il y a quelques années et nous n'avons pas d'enfants. Noël n'est pas la période de l'année que je préfère mais je marque quand même le coup de mon côté en me faisant livrer un bon plat et en regardant un bon vieux film français. C'était la tradition chez moi quand j'étais gamin."
Pour les parents qui ont perdu un enfant, Noël n'est plus jamais vraiment Noël. "Les proches ne comprennent pas qu'on n'ait pas le coeur à passer cette fête avec toute la famille comme avant. C'est compliqué de voir les neveux et nièces grandir alors que son enfant n'est plus là, témoigne Gwénaëlle qui a perdu sa fille de 10 ans dans un accident à un camp lutins. Personne n'y peut rien et surtout pas ces enfants mais c'est terriblement douloureux. Nous préférons partir et être ailleurs que dans les lieux où nous avons fêté Noël avec notre fille."
Pour de nombreuses personnes, Noël est synonyme d'altruisme. Ancien sans-abri, Paul se porte volontaire dans un centre d'accueil pour personnes sans logement afin de servir ses anciens camarades de rue ou de simples inconnus à l'occasion du réveillon. "La plupart du temps, quand vous êtes à la rue, vous n'existez pas. Vous êtes invisible ou considéré comme nuisible. Lors de cette soirée, tout est différent. Des gens qui ne se connaissent pas discutent ensemble et s'apportent mutuellement un peu de chaleur." De nombreuses associations actives dans le soutien et l'accompagnement des personnes plus vulnérables organisent des actions solidaires à l'arrivée des fêtes. Les personnes intéressées par ces formes de volontariat peuvent se renseigner auprès de leur commune ou d’organisation comme la Croix-Rouge, le Samu ou encore la Fédération belge des banques alimentaires...
Certaines amitiés sont aussi importantes que les liens familiaux. Depuis plusieurs années, Nora fête Noël avec ses amis. "Pour le lieu d'accueil, nous recevons à tour de rôle chaque année. Le repas est pensé comme une auberge espagnole où chacun apporte quelque chose." Pour les cadeaux, le groupe d’amis fait preuve de créativité : "Il était hors de question de dépenser encore de l'argent pour les cadeaux. Chacun d'entre nous apporte un vieux cadeau dont il ou elle n'avait que faire. Comme nous aimons toutes et tous jouer à des jeux de société, nous avons convenu que les gagnants et gagnantes de chaque partie pourraient choisir un cadeau dans le panier. Finalement, chacun y a trouvé son compte, car ce qui ne convenait pas à l'un faisait le bonheur de l'autre."
Bien avant Noël, tirer au sort parmi les convives (avec des papiers et un chapeau ou une application sur smartphone) une personne à qui offrir un cadeau. Cela permet d'éviter des dépenses trop importantes et surtout de prendre le temps de personnaliser le cadeau puisque l'on doit uniquement se concentrer sur une personne.
Un cadeau immatériel, comme un moment spécial à passer avec quelqu'un peut être une chouette alternative au cadeau matériel : un concert, une pièce de théâtre, un abonnement à un magazine ou à une revue dont le sujet passionne la personne ? Ou encore l'inscription à un atelier de sport ou d'art ? Pourquoi pas se cotiser si les frais d'inscriptions sont chers…
Quant aux cadeaux matériels, la tendance est depuis quelques années au "fait main" comme des paniers de cosmétiques, par exemple. On trouve des bonnes recettes dans des livres dédiés ou sur des sites internet sérieux.
Pourquoi ne pas opter pour un sapin artificiel ou, si vous avez l'âme d'une bricoleuse ou d'un bricoleur, le construire avec des palettes ? Cela permettra de faire preuve d'originalité mais aussi d'éviter de couper plus d'arbres.
En tissu, recyclables, en papier journal, avec d'anciens emballages… Et pour les petits cadeaux, il est même possible d'utiliser des rouleaux de papier toilette à décorer. Vous profiterez, par la même occasion, d'un moment familial grâce à une activité "bricolage". N'hésitez pas à effectuer des recherches sur internet pour consulter des tutoriels à ce sujet ou demandez à un proche de vous en montrer.