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Se réorienter après un échec aux études supérieures

Lorsque la session d’examens de janvier s’achève sur un échec, les conséquences sont souvent lourdes : perte de confiance, remise en question du choix de sa filière… Ce moment de crise peut aussi devenir une opportunité pour rebondir. À condition de ne pas rester seul.

Publié le: 19 février 2025

Mis à jour le: 20 février 2025

Par: Joëlle Delvaux

4 min

Une jeune femme s'interroge sur son avenir.

Photo: © AdobeStock //Questionner ses priorités, faire le point sur ses traits de personnalité, ses centres d’intérêt, ses atouts… c'est indispensable pour poser les jalons de sa (ré)orientation.

"Ce n’est pas parce qu’on est en échec qu’on est forcément dans la mauvaise filière", avertit d'emblée Hélène Malengret, psychologue d’orientation au Centre d’orientation et d’information (CIO). Avant toute décision, il est essentiel de réaliser un diagnostic approfondi de la situation. Un échec peut être lié à une mauvaise méthode de travail, une gestion du temps défaillante, des difficultés à s’adapter aux exigences du supérieur, des problèmes personnels, une santé mentale fragile, un manque d’intérêt pour les matières… Il faut donc se poser les bonnes questions : Qu’est-ce qui a conduit à cet échec ? Mes difficultés sont-elles surmontables avec un meilleur encadrement ou une adaptation de mes habitudes de travail ? Suis-je vraiment intéressé par cette filière ?

(Se) poser les bonnes questions

En Fédération Wallonie-Bruxelles, le 15 février est la date-limite à laquelle un étudiant qui a entamé un parcours d'études supérieures peut décider de se réorienter en cours d'année. "Cette échéance peut induire une certaine précipitation, convient Hélène Malengret, mais elle n’empêche pas de poursuivre la réflexion en profondeur après avoir réajusté le tir et s’être engagé dans un nouveau parcours." En effet, changer d’orientation ne veut pas dire que tous les problèmes sont résolus. La réorientation ne portera ses fruits que si l'étudiant se pose les bonnes questions sur les obstacles et épreuves qui jalonnent son parcours. " Rien n'est facile. Ce n’est pas parce qu’on va aimer les matières que cela sera plus facile, qu’on va réussir. Toutes les études nécessitent des efforts, de la rigueur, de la persévérance et de la régularité. Inversement, ce n’est pas parce qu’on est capable et qu’on réussit qu’on est à la bonne place. Si l'on ressent un mal-être, c’est peut-être le signe d'une erreur d'aiguillage." 

Dans tous les cas, prendre soin de sa santé mentale est prioritaire à toute réflexion sur son projet de formation ou de profession, assure Hélène Malengret. Stress, anxiété, dépression, solitude, assuétudes…, si les difficultés s'accumulent ou sont envahissantes, consulter un psychologue est alors recommandé. 

Ne pas rester seul 

Poser un diagnostic sur ce qu'on vit, réfléchir à la personne que l’on désire être, questionner ses priorités, faire le point sur ses traits de personnalité, ses centres d’intérêt, ses atouts… le programme est ambitieux pour poser les jalons de sa (ré)orientation. Mais il est indispensable. 
Certes, des outils peuvent aider à la démarche. Le CIO en propose d'ailleurs sur son site internet et dans son cahier intitulé " Se réorienter". Mais il faut déjà une sacrée maturité pour entreprendre ce travail de façon autonome. "Rien de tel que d'avoir en face de soi quelqu'un qui pose les bonnes questions, aiguille, alimente la réflexionSinon, le risque est de retomber dans les mêmes pièges qu'avant, prévient la psychologue. Souvent, l’erreur d'orientation provient du fait que l’étudiant n’a pas suffisamment interrogé les représentations qu’il se faisait des études ou du métier choisis". Françoise Van Miegroet, coordinatrice à la Formation-relais, abonde : "Même lorsque le choix du métier semble clair, aller à la rencontre de personnes qui le pratiquent permet de se rendre compte de la réalité de terrain. De même, il importe d'être au clair sur les filières qui mènent à une profession donnée (université, haute école de type long ou court...). Nous conseillons toujours aux étudiants de comparer les cursus et les établissements entre eux, d'aller sentir les ambiances lors des cours ou portes ouvertes".

Parent partenaire 

De nombreux services et dispositifs aident les étudiants à transformer leurs doutes en choix réfléchis et à faire une pause constructive en attendant éventuellement la rentrée académique suivante. De manière individuelle ou en groupe. Ponctuellement ou pour un temps plus long. 
"Toutes les hautes écoles et universités disposent de conseillers d’orientation et de services d'aide à la réussite. Ce sont certainement les premières portes auxquelles frapper, quitte à être rapidement réorienté", conseille Hélène Malengret. 
La psychologue d’orientation invite aussi les parents à soutenir leur enfant dans cette période de doute, sans être source de pression supplémentaire. "Il est important que les parents questionnent leurs propres attentes et écoutent les aspirations de leur enfant. Nous les encourageons à l’accompagner lors de ses démarches pour entendre les mêmes choses que lui et le soutenir dans son cheminement. Au CIO, nous organisons des ateliers pour aider les parents à mobiliser des attitudes adéquates vis-à-vis de leur enfant. Pour que celui-ci trouve sa place, celle qui correspond à ses capacités, ses intérêts et au sens qu’il souhaite donner à sa vie."