Soins de santé
Dans nos esprits, choisir un lieu de vie pour ses vieux jours s’apparente trop souvent à “un placement” par dépit, à un drame nécessaire. Or, séjourner en maison de repos est loin d'être un passage obligé du vieillissement. Cela concerne d'ailleurs moins de 20% des seniors de plus de 80 ans en Wallonie (1). Et les perspectives d'entrer en maison de repos peuvent être plus engageantes. Un préalable toutefois : bien s'informer.
Publié le: 15 décembre 2021
Par: Gaëlle Gallet - coordinatrice chez Senoah
4 min
Photo: © AdobeStock
Le sujet reste encore tabou. Pourtant, nombre de personnes âgées et de familles se retrouvent à devoir chercher une maison de repos sans forcément savoir où trouver les informations, les conseils et l’accompagnement utiles à cette démarche.
Souvent les demandes d'entrée en maison de repos sont marquées par l’urgence. Quand une hospitalisation se termine et que le retour à la maison semble délicat. Quand il y a eu un accro de santé – une chute par exemple – et que les proches sont inquiets pour leur parent qui vit seul. Quand un événement dans la vie des enfants – un déménagement, un nouvel emploi… – vient bousculer l’organisation qui prévalait jusque-là pour entourer le parent âgé.
Quitter son chez soi pour un lieu collectif que l’on n’a souvent pas tout à fait choisi, constitue une épreuve pour la personne qui la vit et ses proches. Ce déménagement peut aussi activer d’autres difficultés, telles que des soucis financiers, des conflits familiaux, des troubles dépressifs, des deuils, etc.
Juridiquement parlant, c’est la personne âgée elle-même qui prend la décision d’entrer en maison de repos. On ne peut contraindre une personne d’y être admise contre son gré. En pratique, il s’agit souvent d’une décision collégiale prise par la personne âgée elle-même avec son conjoint, ses enfants, le médecin traitant, les services d’aide et soins à domicile, etc. Néanmoins, si la personne est reconnue incapable de prendre des décisions pour elle-même, parce qu’elle est atteinte d’une maladie neurologique par exemple (maladie de type Alzheimer, etc.), son représentant légal (administrateur de la personne) peut décider d’une entrée en maison de repos. Par ailleurs, depuis 2019, le champ d’application du mandat extrajudiciaire a été élargi afin de permettre aux personnes d’indiquer à l’avance dans quelle maison de repos elles souhaiteraient se rendre dans le cas où, plus tard, elles ne pourraient pas effectuer ce choix.
Les professionnels qui entourent l’adulte âgé (médecin traitant, aide familiale, aide soignante, etc.) peuvent souvent l’aiguiller vers des sources d’informations. En outre, les personnes peuvent contacter Senoah, une association spécialisée dans la question du lieu de vie quand l’âge avance (à Bruxelles, l'association s'appelle Infor-Homes). Les travailleurs sociaux proposent aux personnes âgées et à leur entourage une écoute active et bienveillante, une information ainsi qu’un con seil nuan cé et objectif sur les lieux de vie pour personnes âgées et plus précisément sur les maisons de repos. Après une analyse des besoins, des attentes et une réflexion avec le bénéficiaire, une liste de maisons de repos est établie sur la base de critères de choix.
Au départ de cette première sélection, il est intéressant de visiter les établissements choisis et de s’entretenir avec la direction par exemple, afin de poser les questions qui importent, effectuer des comparaisons. La préparation des visites peut d’ailleurs se faire avec les assistantes sociales de l'association. Qui plus est, des fascicules et brochures reprennent des conseils et points d’attention pour la visite, ainsi que des pistes de questions à (se) poser. Par exemple :
Il est important de se renseigner aussi sur le respect des habitudes et rythme de vie, les pratiques de contention, les heures de visite, les activités et services proposés (coiffure, pédicure, etc.), le prix de l’hébergement et les suppléments, etc.
Outre l’observation du lieu et le ressenti quant à l’accueil, la visite permet également de reprendre les documents importants afin de les lire à tête reposée : convention d’hébergement, règlement d’ordre intérieur et projet de vie de l’établissement. Ces documents apportent des précisions sur les droits et devoirs du résident et de la maison de repos, le prix, le projet de l’établissement, ses activités et ses valeurs.
En conclusion, la question de l’entrée en maison de repos n’est pas anodine. Elle suscite beaucoup d’interrogations, d’émotions, de changements, de démarches pour lesquelles il est parfois nécessaire de se faire accompagner. Retenons dans tous les cas que ce passage sera d’autant plus serein qu’il se fera en concertation avec l’adulte âgé impliqué dans la décision et le choix.
(1) "Les maisons de repos doivent-elles disparaître ?", JM Rombeaux, Union des villes et des communes wallonnes, 15 juillet 2020.