Soins de santé

"Pansons autrement" les soins à domicile

Depuis trois ans, à Anderlues, une vingtaine d'infirmières et d'aides soignantes de l'ASD du Hainaut oriental s'imprègnent d'un modèle d'organisation participatif. Une réelle plus-value dont nous parle Noémie Gallez, infirmière-cheffe au centre ASD d'Anderlues-Charleroi et référente en soins palliatifs. 

 

Publié le: 13 décembre 2024

Mis à jour le: 19 décembre 2024

Par: Joëlle Delvaux

4 min

dessin d'une infirmière donnant un verre d'eau à une dame assise dans un fauteuil

Photo: “© AdobeStock //

A Anderlues, deux équipes d'une dizaine d'infirmières et d'aides-soignantes de l'ASD du Hainaut Oriental sont impliquées dans le projet
"Pansons autrement". Les dynamiques mises en place pour améliorer le bien-être des soignants sont similaires à celles développées à l'ASD de Gedinne dans le cadre du projet  "Un nôtre soin". 

En Marche : Quels changements ont été mis en place au sein de l'équipe dans le cadre du projet "Pansons autrement" ? 

Noémie Gallez : Les infirmières et aides soignantes fonctionnent en binôme ou en trinôme avec une semi-autonomie. Elles organisent leurs tournées et leurs horaires comme elles le souhaitent. Ce n'est plus "décidé" par les responsables. L'important, c'est que le cadre soit respecté, que la continuité des soins aux patients soit assurée et que la répartition soit équitable. Par exemple, si chacune preste deux WE en suivant plutôt qu'un WE sur deux, il n'y a pas de problème. Si chacun voit ses besoins satisfaits et se sent 

EM : L'organisation des tournées a-t-elle aussi été repensée ? 

NG : Oui. À partir d'une carte géographique, on a défini ensemble des "bulles". Par exemple, on a regroupé Courcelles, Fontaine-l'Évêque et d'autres petites communes. On fait en sorte que chaque infirmière démarre le matin par un patient situé le plus près possible de chez elle. On essaie d'éviter de longs déplacements entre deux visites tout en respectant les besoins des patients et en veillant à conserver un horaire régulier pour le confort de ceux-ci. 

EM : Comment fonctionne la dynamique collective ? 

NG : Nous utilisons la méthodologie de la sociocratie, qui met en avant l'intelligence collective du groupe. L’équipe a été divisée en deux groupes pour faciliter les réunions mensuelles. L'ordre du jour est établi en fonction des priorités avancées par les unes et les autres. Chacune à son tour a l’occasion de s’exprimer. Cela permet d’avancer plus rapidement. Les décisions sont prises de manière collégiale après s'être écoutées et comprises, dans le respect mutuel. Les sujets sont variés : l’organisation des tournées, l'accompagnement des nouveaux engagés, les relations avec les patients, les contrats de travail…

EM : Le projet a permis à chacun de se réapproprier l'esprit d'équipe. Qu'avez-vous pris comme décisions collectives par exemple ?  

NG : Le projet a effectivement renforcé la solidarité, l'entraide et la tolérance. On avance ensemble au même rythme, et on s'adapte les uns aux autres. C'est réjouissant de voir  notamment les nouvelles et nouveaux engagés s'approprier l'organisation pour bien travailler ensemble. Ils trouvent de la motivation et du sens au métier. 

Plein de réflexions ont déjà abouti à des décisions concrètes qui ont vraiment amélioré la satisfaction du personnel : la réorganisation des tournées, la mise en place d'un tutoral pour accompagner les nouveaux membres du personnel, la centralisation des informations sur un intranet, des moyens de communication plus souples, la création de questionnaires de satisfaction pour les patients, la redéfinition du rôle de l'équipe mobile, etc. 
Ce qui est encourageant, c'est de voir le projet pilote irradier au sein de l'ASD du Hainaut Oriental et au-delà. 

EM : Ce modèle participatif est-il un atout pour attirer des jeunes ?

NG : Tout à fait. La génération Z (née approximativement entre 1997 et 2012), aspire à plus d'autonomie et de participation à la décision. La recherche d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est aussi très importante.
Je pense que ce mode de fonctionnement sera incontournable à l'avenir pour que les soignants à domicile puissent s'épanouir et se sentir bien dans leur travail. 
Les nouvelles et nouveaux engagés craignent souvent de se retrouver seuls face à des situations problématiques chez les patients. Savoir qu'ils peuvent compter sur le soutien et l'expérience des collègues et se tourner vers un référent (en soins palliatifs par exemple), en cas de besoin c'est rassurant, cela apporte une sécurité supplémentaire. Faire partir d'une équipe solide et solidaire, c'est clairement un facteur d'épanouissement dans le travail.