Soins de santé

Transition de genre aux parcours pluriels

Si chaque être humain est unique, chaque transition de genre est différente. Des aides, des accompagnements et des remboursements de frais médicaux existent. En Marche fait le point.

Publié le: 27 mai 2024

Mis à jour le: 26 septembre 2024

Par: Soraya Soussi

7 min

transgenre femme au téléphone avec un classeur ouvert dans l'autre main

Photo: ©AdobeStock

Dans nos sociétés, le genre correspond à un rôle socio-culturel assigné à un sexe femelle ou mâle. Parfois dès le plus jeune âge, des personnes ont la conviction que le sexe mentionné sur leur acte de naissance ne correspond pas à leur identité de genre(s) ressentie et vécue. Certaines adoptent les "codes" correspondant au(x) genre(s) au(x)quel(s) elles s'identifient : par l'apparence (vêtements spécifiques pour cacher des attributs physiques liés au sexe, habillement marqué d'un genre ou l'autre, maquillages...), par la façon de s'exprimer, de se comporter… et/ou par une transition physique.

Passer par un soutien psychologique

Les questions liées à l'identité et aux transitions de genre(s), qu'elles soient sociales, légales et/ou physiques, peuvent être source d'anxiété. La personne peut aussi souffrir de préjugés et de discriminations, voire de violences transphobes. Bénéficier d'une écoute attentive et obtenir un soutien par une psychologue spécifiquement formée à l’accompagnement des personnes transgenres peuvent aider à traverser ces changements. Les consultations chez une psychologue conventionnée avec un réseau de soins en santé mentale sont remboursées par l'assurance obligatoire soins de santé (AO). Elles sont entièrement gratuites jusqu'à l'âge de 23 ans inclus. À partir de 24 ans, la première consultation est gratuite. Ensuite, elles coûtent 11 euros la séance ou 4 euros si la personne bénéficie de l'intervention majorée (statut BIM). Voir le module de recherche sur le site parlonsen.be

Acter sa transition au niveau légal

Procéder au changement d’"enregistrement de sexe" et de prénom sur les documents d'identité peut être une étape importante, tant socialement, légalement qu'administrativement (notamment pour la mutualité).

Bon à savoir : Depuis 2018, il n’est plus nécessaire de justifier médicalement le changement de prénom ou la mention de "sexe enregistré" dans l’acte de naissance et la carte d’identité. Concrètement :

• Il faut se rendre à la commune de son domicile et remettre une déclaration signée indiquant sa volonté de changer d’ "enregistrement de sexe" sur ses documents administratifs devant l'officier de l'État civil. La personne mentionne son ou ses prénoms actuels en les faisant suivre du ou des prénoms qu'elle souhaite voir apparaître sur ses documents d'identité.

• Trois mois plus tard (maximum six mois après la remise de la déclaration), la personne revient à la commune. S'il n'y a pas d'avis défavorable du procureur du Roi ou s'il n'y a pas d'avis du tout, l'officier de l'État civil modifie le "sexe enregistré ".

Pour en savoir plus sur ces démarches et leurs frais occasionnés, rendez-vous sur le site du SPF justice : justice.belgium.be 

Démarrer un traitement hormonal

Lors d'une transition de genre, la personne peut suivre un traitement hormonal masculinisant ou féminisant. Elle y est autorisée dès l'âge de 16 ans. Les hormones sont prescrites par un endocrinologue ou une médecin généraliste et ne nécessitent plus l'attestation d'un ou un psychiatre.

Bénéficier d'un accompagnement médical est important. Il est conseillé de bien choisir son médecin car tous ne sont pas suffisamment formés aux spécificités des transidentités. Le traitement hormonal a un impact sur la santé à divers niveaux. Il est donc nécessaire d'effectuer un bilan sanguin et de s'assurer qu'il n'y a aucune contre-indication à suivre le traitement. Le suivi médical est recommandé tous les trois mois la première année puis, tous les six mois la seconde, et ensuite annuellement.

L'AO intervient financièrement dans les honoraires des consultations chez les médecins et rembourse en grande partie les analyses sanguines (voir article d'En Marche "Que peut facturer le laboratoire pour une analyse de sang ?")

Comment modifier sa voix dans sa transition ?

Deux méthodes sont possibles pour modifier la voix : la logopédie et l'opération des cordes vocales. Pour la logopédie, un premier rendez-vous chez une logopède permet de définir le nombre de séances nécessaire et le type d'exercices à réaliser. Les séances de logopédie sont remboursées par l'AO si les conditions sont remplies (en parler à la logopède). Dans ce cas, jusqu'à l'âge de 18 ans, la MC rembourse le ticket modérateur (quotepart personnelle) correspondant au tarif officiel des logopèdes conventionnées. C'est un avantage de l'assurance complémentaire de la MC.

Si les séances de logopédie ne sont pas ou plus remboursées par l'AO, il est quand même possible de bénéficier de 10 euros par séance, et ce sans condition d'âge, avec un maximum de 75 séances par traitement. Cet avantage est octroyé par la MC dans le cadre de l'assurance complémentaire, sur accord du médecin-conseil de la mutualité. Cet accord est renouvelable une fois (donc 150 séances possibles).

Généralement, la logopédie peut suffire à modifier la voix. Si ce n'est pas le cas, la personne peut recourir à la chirurgie vocale afin d'agir sur la fréquence, la hauteur de la voix, etc. La logopédie reste néanmoins utile avant et après l'opération.

Pour féminiser la voix, il existe plusieurs options chirurgicales : la cricothyroplastie, la cricothyropexie, l'approximation cricothyroïdienne ou glottoplastie. Pour masculiniser la voix, c'est la thyroplastie de type III qu'il convient de faire. Il est conseillé de discuter avec son chirurgien de la méthode qui convient le mieux. Ne pas hésiter à lui demander combien coûte l'opération envisagée et si des remboursements sont prévus par l'AO.

Opérer sa transition de genre médicalement

Plusieurs opérations chirurgicales existent. L'assurance obligatoire intervient en partie et sous conditions. Les opérations dites esthétiques et la féminisation faciale ne bénéficient d'aucun remboursement. Comme pour toute hospitalisation, il est conseillé de choisir de séjourner en chambre à deux lits pour ne pas devoir payer de suppléments de chambre et d'honoraires qui peuvent être élevés (Lire En Marche de mars "Comment réduire ses dépenses de santé"). Dans tous les cas, il est important d’oser aborder ces questions financières avec son chirurgien en amont.

La vaginoplastie : Cette opération, lourde et complexe, requiert en général 8 à 9 jours d’hospitalisation ainsi qu’une incapacité de travail de 6 à 8 semaines.

La mammoplastie : L’augmentation mammaire peut avoir lieu en même temps que la vaginoplastie. Elle consiste en une pose de prothèses mammaires. Cette opération est en grande partie remboursée par l'AO (100 % pour le premier sein, 50 % pour le second), moyennant l’accord préalable du/de la médecin-conseil de la mutualité.

La chirurgie de féminisation faciale (FFS) : Cette opération de chirurgie esthétique est personnalisable en fonction des possibilités qu’offre le visage. Le coût oscille entre 25.000 et 50.000 euros, en fonction des techniques utilisées et de la durée de l’opération. Il est ensuite conseillé de rester 1 à 2 nuits en observation à l’hôpital.

La phalloplastie : L’opération de phalloplastie nécessite une hospitalisation de deux semaines et demie environ. La convalescence est relativement longue : il faut prévoir une incapacité de travail d’environ deux mois. Deux autres méthodes existent également : la métaidoïoplastie et la
scrotoplastie.

La torsoplastie de masculinisation (retrait des glandes mammaires) : Cette opération peut avoir lieu assez rapidement, à partir de l’âge de 17 ans. La durée d’hospitalisation est de 1 à 2 jours.

L'hystérectomie : Cette opération consiste à enlever un ou plusieurs organes parmi l’utérus, le col de l’utérus, les ovaires et les trompes de Fallope. Par conséquent, elle rend stérile. On compte en général de 3 à 5 jours d’hospitalisation.

Les opérations dites "esthétiques" : Ces interventions chirurgicales, comme une liposuccion, par exemple ne sont pas prises en charge par l'AO, pas plus que l'épilation définitive.

Sources : Pour en savoir plus, rendez-vous sur mc.be, réalisée en collaboration avec les associations Genres Pluriels et la maison arc-en-ciel Luxembourg.