PMA : l'importance de l'accompagnement psychologique
Lors d'un parcours de procréation médicalement assistée (PMA), une aide psychologique permet de composer avec les incertitudes.

Désir d’enfant : comment gérer les montagnes russes de la PMA ?
"Montagnes russes", le terme qualifie souvent l’ascenseur émotionnel propre au parcours de Procréation Médicalement Assistée : la PMA.
La parole se libère et plaide pour la déculpabilisation générale, en particulier des femmes. Sous forme de podcast, de bande dessinée, d’articles de presse, les récits racontent l’espoir fou au moment de l’insémination, qui retombe comme un soufflé à l’annonce d’un résultat négatif.
Ils relatent le sentiment d’accomplir un "parcours d’obstacles" en référence aux opérations commando pour réussir à faire ses piqûres d’hormones à heures fixes à l’abri des regards, et plus simplement, pour faire part de ses difficultés à s’y retrouver dans le labyrinthe du jargon médical.
En Belgique, 18 000 fécondations in vitro (FIV) sont pratiquées chaque année. Plus de 3 000 enfants naissent à la suite d'une FIV, ce qui représente 2,5% des naissances.
Le terme PMA désigne 3 techniques médicales dans le traitement de l’infertilité et l’aide à la conception :
- l’insémination artificielle d’embryon
- la fécondation in vitro (FIV) avec don d’ovocytes
- la fécondation in vitro (FIV) sans don d’ovocytes
La PMA s’adresse aux :
- couples hétérosexuels infertiles (en Belgique, près d’un couple sur six est concerné)
- couples lesbiens
- femmes seules cisgenres
Pourquoi consulter un psychologue lors d'un parcours de PMA ?
Les unités PMA vous proposeront de consulter un psychologue. Dans le cadre des remboursements Inami vous avez aussi la possibilité de choisir un praticien et de consulter en individuel ou en couple.
Des groupes de parole se mettent également en place en co-animation avec un psychologue et un pair aidant. Le cadre est validé scientifiquement par l’Inami et les frais de participation sont de 2,5 €, ce qui leur permet d’être accessible à tous.
Véronique Simons, psychologue clinicienne qui exerce à l’hôpital Erasme (HUB), lance ce printemps un groupe de parole à Ixelles sur "le désir d’enfant" qui abordera autant les questions de la PMS, de l’infertilité ou de l’adoption.
La consultation d'un psychologue est obligatoire dans certaines unités PMA (à Saint-Luc par exemple). Pour certaines demandes comme pour les dons de gamètes, la mono-parentalité, l’homoparentalité ou les GPA, elle est inscrite dans la loi.
"Certaines personnes peuvent avoir le sentiment qu’elles vont être évaluées, mais comme nous faisons en sorte qu’elles ne se sentent pas stigmatisées, la consultation est en général bien vécue. C’est surtout une bonne porte d’entrée pour les personnes qui minimisent l’intensité du parcours PMA et ses difficultés" explique Véronique Simons.
Lors d’un parcours PMA, l’accompagnement psychologique aide à composer avec les incertitudes, avec les hauts et les bas. Il favorise la résilience et la confiance en soi.
Véronique Simons
L’infertilité, c’est pas dans la tête !
Tout parcours PMA débute donc par des bilans de fertilité, car contrairement aux idées reçues "l’infertilité c’est pas dans la tête, c’est physiologique", rappelle Marie Dubois, autrice de la BD "Un bébé, si je peux".
Les bilans de fertilité sont d’ailleurs plus lourds pour la femme. Pour l’homme, un spermogramme suffit. Pour la femme, le bilan est plus invasif :
- bilan hormonal
- examen de réserve ovarienne (chaque femme naît avec son stock ovarien – vers 30 ans ce stock diminue)
- examen des trompes de Fallope
- vérification des cycles d’ovulation
- recherche d’une endométriose, de fibrome, de polypes...
Si vous êtes fumeurs, l’équipe PMA vous conseillera l’arrêt du tabac, car il augmente la qualité des ovocytes et des spermatozoïdes, et donc les chances d’avoir un enfant.
Aucun fondement scientifique n’atteste que l’infertilité est liée à un blocage psychologique. Y croire, c’est une violence faite aux femmes car ça les culpabilise.
Marie Dubois
Des problèmes de fertilité largement partagés
On parle d’infertilité après plus d’un an de tentatives infructueuses pour concevoir un enfant. Les troubles de la fertilité concernent aussi bien les hommes (30 %) que des femmes (30 %), 30 % pour les deux, et 10 % de raisons inconnues.
Toutefois, la diminution de la fertilité est un problème mondial du fait de l'exposition au tabac et à des pollutions chimiques, qui perturbent notre système hormonal (les fameux PFAS, bisphénols, phtalates et l’effet cocktail de ces expositions).
Ainsi, une femme de 20 ans est moins fertile que sa grand-mère ne l'était à l'âge de 35 ans, et un homme de 30 ans a deux fois moins de spermatozoïdes que son grand-père au même âge, selon l’épidémiologiste américaine Shanna Swan, spécialiste du sujet, qui se base sur les données de la Banque Mondiale.
A quoi s’attendre à chaque étape de la PMA ?
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La femme bénéficie d’une stimulation hormonale pour déclencher l’ovulation de plusieurs ovocytes. Cela consiste à faire soi-même des injections d’hormones dans le bas du ventre. Ces injections se font à horaire réguliers. Elles peuvent générer des douleurs et laisser apparaître des bleus. La prise d’hormone peut augmenter les troubles de l’humeur lors du syndrome prémenstruel, les ovaires sont gonflés et parfois douloureux. Ces injections se prolongent jusqu’à la douzième semaine de grossesse.
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Le médecin prélève plusieurs ovocytes après une anesthésie locale. C’est la "ponction". Dans certains pays, l’anesthésie est générale pour le confort de la patiente, mais pas en Belgique.
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Le médecin récupère le sperme de l’homme ou d’un donneur : "les pailles" ou "paillettes". En cas d’absence de spermatozoïdes dans le sperme, le médecin peut prélever chirurgicalement les spermatozoïdes dans les testicules.
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Chaque ovocyte est placé dans une boîte en laboratoire. Les médecins déposent plusieurs spermatozoïdes dans chaque boîte où il y a un ovule. La fécondation se fait spontanément par l’un des spermatozoïdes.
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Deux à trois jours après la fécondation, le médecin transfère un ou plusieurs embryons dans l’utérus par voie vaginale.
Le risque de fausse couche reste important, car une FIV réussit en moyenne une fois sur cinq.
PMA : parler de son expérience
Jeanne Sompo est pair aidante et co-fondatrice du groupe de parole "Paroles fertiles" dans le Brabant wallon avec la psychologue Gaëlle De Vlieger. Au cours des deux dernières années, elles ont accompagné en groupe ou en individuel une cinquantaine de personnes à tous les stades du parcours PMA ou de l’adoption. Elle-même avait suivi un parcours PMA et trouvait que l’accompagnement émotionnel manquait.
"C’est le stress permanent, dit-elle. Tout est suspendu au timing du cycle ovarien. On vous invite à être détendue, à ne pas trop y penser, alors que toute votre vie tourne autour de ça. Votre alimentation, tous vos engagements sociaux, professionnels, etc. Et quand la grossesse arrive, on a peur de la fausse couche. C’est très éprouvant."
Quand la grossesse arrive, on a peur de la fausse couche.
Jeanne Sompo
Aller vers la résilience
Les femmes ne se sentent pas toujours aussi soutenues qu’elles l’aimeraient, et les co-parents font souvent part de leur sentiment d’impuissance.
"La parole permet de favoriser la résilience et la confiance en soi, explique Véronique Simons. Cela donne des clés pour gérer le deuil de l’embryon qu’on a perdu, exprimer l’angoisse de savoir qu’en tant que femme, notre réserve ovarienne n’est pas infinie, parler de la fatigue des traitements, de l’effet des hormones, du corps qui change".
Partager son vécu et son parcours permet de mettre des mots sur ce que l’on vit, surtout quand l’entourage est peu prévenant.
La parole permet de favoriser la résilience et la confiance en soi.
Véronique Simons
7 ans. C'est le temps qu'il a fallu à Marie et son compagnon pour avoir leur fille. Désirer un enfant ne suffit pas toujours à en avoir un. Un couple hétérosexuel sur six rencontre des troubles de fertilité. Certains décident alors de passer par la procréation médicalement assistée (PMA). Un parcours parfois long et éprouvant physiquement, psychologiquement et socialement. De son expérience personnelle, Marie sort une BD "Un bébé, si je peux". Une enquête journalistique qui dessine avec brio et humour les embûches du parcours PMA.