Accompagner l'utilisation des écrans chez les ados

Découvrez nos conseils pratiques pour accompagner vos ados dans l'utilisation des écrans : créer un cadre commun, fixer des règles claires, apprendre à utiliser internet et les réseaux sociaux et renforcer leur estime de soi.

L'utilisation des écrans chez les jeunes

Plongés dans un grand bain d’écrans, nous le sommes quasiment toutes et tous. Si la télévision domine les usages durant l’enfance, les pratiques changent en première secondaire. C’est le moment où le téléphone détrône le petit écran.  Près de la moitié (47 %) des enfants de 5e primaire dispose d’un téléphone et 59 % en 6e, mais leur appareil ne dispose pas toujours de la 4G. Arrivés en secondaire, la majorité des élèves disposent d’un smartphone avec 94 % en 1re secondaire et 99 % en 2e secondaire. 

Pour les adolescents, la tentation est grande de nager dans ce grand bain numérique plus que de raison. Alors comment les aider à sortir la tête de l’eau ? 

Télévision, smartphone, console de jeux, tablette, ordinateur, la majorité des jeunes doivent respecter des règles concernant l’utilisation des écrans, selon la dernière enquête #Generation2024.  Il peut s’agir de restrictions de temps d’utilisation, d’accès à certains sites ou certains jeux vidéo. 

Conseils pour gérer les écrans à la maison

Le psychopédagogue Bruno Humbeeck donne quelques conseils pratiques pour poser un cadre sain qui permette d’éviter les conflits et proposer des temps de déconnexion partagée, en famille 

Ne pas se tromper d'ennemi

Créer un cadre commun

Valoriser l'image authentique de votre ado

Ne pas se tromper d’ennemi : l'écran n'est pas responsable de tout

Le combat autour des écrans crée beaucoup de tensions vis-à-vis de l’adolescent. Il met à la fois trop de pression sur le parent et sur l’adolescent.  

Ayez à l’esprit que la nouvelle génération d’adolescents n’a pas connu le monde sans l’existence des réseaux sociaux ! Or c’est en partie par les réseaux qu’il forge son sentiment d’appartenance

En tant que parent, l’essentiel est donc de ne pas se tromper d’ennemi.

Les ados et les écrans : créer un cadre commun

Pour mettre en place des mécanismes de gestion douce, partagée et accompagnés en famille, il est possible de diviser le temps en trois phases : 

  1. Le temps scolaire : par définition, il ne se négocie pas. 
  2. Le temps familial : c’est un temps négocié : pas d’écran à table, ni d’écran dans les activités familiales qui ont été négociées. Cette recommandation vaut autant pour les enfants que pour les parents. Les temps passés sans écran, sont des moments pour renforcer les liens d’attachement ! 
  3. Le temps libre : où l’adolescent fait en principe ce qu’il veut. 

Des règles pour encadrer l’usage des écrans 

La MC vous recommande de fixer ensemble des règles d’or pour l’usage des écrans sur le temps libre : 

  • Apprendre à utiliser internet

    Prenez le temps d’aider votre enfant à acquérir de bons réflexes dans l’utilisation d’internet.  

    • Avant l’âge de 12 ans, naviguez toujours à ses côtés. Vous pouvez vous aider des conseils de MyAppEduc pour favoriser l’apprentissage de compétences numérique, créer un environnement de confiance et favoriser la co-éducation. 
    • A partir de 13 ans, l’âge légal pour s’inscrire sur un réseau social, aidez-le à paramétrer son profil et ses messageries instantanées, en lui rappelant les mesures de prudence - tout ce qu’il mettra en ligne peut potentiellement devenir public. 
  • Choisir ensemble des jeux vidéos

    Aidez votre enfant à choisir ses jeux vidéo. Selon l’enquête #Generation2024 entre la 1re et la 4e primaire, 85 % des enfants jouent à des jeux vidéo (Minecraft, les jeux Mario, Roblox, Pokémon, Fortnite, Candy Crush, FiFA arrivent en tête).  

  • Sensibiliser aux réseaux sociaux

    Sensibilisez votre enfant aux risques que comportent l’utilisation des réseaux sociaux :  

    • Pour sa santé : sédentarité, santé mentale, sommeil. 
    • Des algorithmes vont tracer sa navigation pour qu’il passe toujours plus de temps à scroller, il sera aussi davantage exposé à de la publicité. L’université de Louvain a créé l’outil de sensibilisation Alveho, qui permet de décrypter les effets potentiels d’un algorithme de recommandation sur l’accès à l’information. 
    • La recherche de popularité peut parfois déraper : maladresses, paroles blessantes ou humiliantes, discrimination, agressions verbales. Participer à un réseau, c’est parfois s’exposer. Des challenges bêtes et cruels peuvent conduire à de graves mises en danger. 
  • Limiter les dangers d'internet

    • En fonction de sa maturité, évoquez la possibilité qu’il ou elle puisse être exposé accidentellement à des contenus violents de type pornographie. En France, une étude montre qu’un tiers des enfants de moins de 12 ans ont visionné des contenus pornographiques. Cette proportion monte à deux tiers des enfants de moins de 15 ans. A partir de 15 ans, un adolescent sur trois consomme des contenus pornographiques. 
    • Informez-le également sur les requêtes d’internautes adultes qui se font passer pour des ados et qui sont mal intentionnés (extorsion, sextorsion). 
    • Montrez-vous ouvert à la discussion pour qu’il puisse vous alerter dès s’il se trouve dans une situation inconfortable à la suite d’un événement inapproprié (dénigrement, violence, …). 

Réseaux sociaux et estime de soi : le rôle du parent

"Lorsqu’il utilise les réseaux sociaux, l’adolescent se raconte une histoire à propos de lui-même. Il faut qu’elle soit significative et positive. Les parents y jouent un rôle essentiel, car ils vont l’aider à se construire dans une forme d’amour inconditionnel de ce qu’il est" dit Bruno Humbeeck. 

Pourquoi est-ce important ? Parce que pour cette première génération qui n’a pas connu le monde sans les réseaux sociaux, l’image de soi est devenu un socle prépondérant de construction de soi. La vraie difficulté, c’est que la mise en scène de soi sur les réseaux est parfois un peu théâtrale et souvent filtrée.  

Quand un parent tombe sur une image que son enfant a fait circuler sur Tiktok ou un reel, qui peut mettre le parent mal à l’aise, essayez de ne pas diaboliser ce que l’enfant a fait, mais plutôt de valoriser l’image authentique de l’enfant : "Je te préfère au naturel". 

Interview de Bruno Humbeeck