Société

Volontariat : un premier pas pour rebondir

Après un événement de vie difficile ou face à une maladie, le volontariat peut servir de tremplin. S’investir aide à retrouver une vie sociale active, confiance en soi, une place dans la société… Parfois même une nouvelle voie professionnelle. À l’occasion de la Journée internationale du volontariat (le 5 décembre), En Marche a recueilli les témoignages de trois bénévoles. 

Publié le: 18 novembre 2024

Mis à jour le: 30 novembre 2024

Par: Barbara Delbrouck

6 min

Moments conviviaux entre un volontaire et un participant lors d'un séjour Altéo

Photo: © Pierre-Laurent Barroo - Moments conviviaux entre un volontaire et un participant lors d'un séjour Altéo à Berck-sur-Mer.

Réorientation : de l’aviation au foot 

À l'âge de 42 ans, Jean-Marc subit un infarctus grave. En parallèle de la pose d’un stent et la prise de nombreux médicaments qui lui causent beaucoup d’effets secondaires, il entame un long processus de revalidation. "Le plus dur pour moi a été la dégradation physique. Impossible de marcher 600 mètres sans me sentir essoufflé, se souvient-t-il. Moi qui ai fait beaucoup de sport dans ma jeunesse, je me suis retrouvé dans un groupe de revalidation avec des gens de l’âge de mes grands-parents !" Bien que sa santé se stabilise un peu, reprendre son ancien poste dans l’aviation serait trop risqué... et il ne possède pas de diplôme à valoriser pour faire autre chose. Son assistante sociale lui propose alors de faire du bénévolat quelques heures par semaine. Après avoir obtenu l’accord de sa mutuelle, il se lance comme entraineur dans un club de foot. "Ce n’est pas moi qui courais, mais je pouvais transmettre mes connaissances aux gamins. Et puis être en contact avec les enfants, les parents… Je retrouvais une vie sociale. Depuis mon infarctus, j’avais très vite perdu tout mon réseau. Comme si la maladie faisait peur aux gens. Sortir physiquement de la maison et des hôpitaux m’a fait du bien. Ça m’a permis de ne plus me voir seulement comme un malade, de ne plus avoir honte de ma maladie... Sans ça je crois que j’aurais sombré." Suite à cette expérience, Jean-Marc se lance dans une formation de trois ans et retrouve un travail dans le secteur sportif. "Si je n’avais pas remis le pied dans le football en tant que bénévole, je n’aurais jamais osé me lancer là-dedans, confie-t-il. Ça m’a permis de reprendre confiance en moi."  

De bénéficiaire à bénévole

Véronique, ancienne aide-soignante, souffre de fibromyalgie et se bat depuis de nombreuses années contre une dépression. Il y a 5 ans, elle trouve enfin le traitement qui lui convient et sort la tête de l’eau. Elle rejoint alors le groupe "malades chroniques" d’Altéo, qui se réunit chaque mois pour échanger entre patients. De là naît l’envie chez elle de s’investir. Elle rejoint un atelier d’informatique, où elle apprend à des personnes (avec ou sans handicap) à se servir de tablettes et smartphones. "J’ai vraiment trouvé ma place avec les autres bénévoles et les bénéficiaires, raconte-t-elle. L’aide aux autres fait partie de moi, ça rejoignait ma vocation d’aide-soignante. L’ambiance chez Altéo était comme une bouffée d’oxygène. Je ne me suis jamais sentie aussi écoutée, respectée et en même temps comprise, par rapport à ma maladie." Avec l’envie d’en faire plus, Véronique suit une formation d’aidante numérique et s’investit à d’autres niveaux dans l’atelier. Elle intègre aussi le groupe "Regards différents", qui sensibilise les écoles, depuis les primaires jusqu’aux campus, aux questions d’inclusion. "À la base, je cherchais juste des activités ludiques et finalement j’ai vraiment trouvé ma place, aussi bien en tant que personne en situation de handicap que bénévole. J’ai pu me sentir utile, retrouver une vie active et une place dans la société. Ça m’a permis aussi de ressortir de chez moi pour autre chose que faire des courses ou voir une amie. Tout cela a clairement contribué à l’amélioration de mes symptômes."  

Le bénévolat a guidé ma carrière

Enseignante, Laurence s’est toujours beaucoup investie dans son école, en parallèle de ses cours. Elle a notamment construit une cellule d’accompagnement des élèves à besoins spécifiques, bien avant que ce type de dispositif ne soit mis en place officiellement dans l’enseignement. Mais après la naissance de son premier enfant, elle commence à développer de la fatigue et des douleurs inexpliquées. Pendant de nombreuses années, elle tombe régulièrement en incapacité à cause de ces symptômes, que les médecins mettent continuellement sur le compte d’un burn-out. Elle apprendra en 2020 que c’est une maladie génétique rare qui en est la cause réelle… 

Pendant ses incapacités, Laurence décide de s’investir bénévolement dans un conseil participatif de citoyens. "Ça me permettait de focaliser mon attention sur autre chose que la maladie, de rencontrer des personnes de tous les âges et de tous les horizons. Surtout, des gens qui ne parlaient pas que du boulot, mais de tout et de rien, de choses légères. Quand tu n’as plus de vie professionnelle, tu essaies de camoufler, d’esquiver les questions, mais c’est dur socialement.
Dans ces conseils participatifs, Laurence est amenée à cotoyer de nombreux élus politiques. Ceux-ci repèrent l’expertise qu’elle a développé à travers les activités bénévoles dans son école et ils lui proposent à deux reprises un poste de conseillère politique. Laurence poursuit sa carrière dans l’enseignement mais elle doit régulièrement s'arrêter de travailler. Lorsque sa maladie s’aggrave, elle se rapproche d’associations de patients, notamment RaDIOrg, plateforme belge des maladies rares. Elle s’y investit pour sensibiliser les politiques aux problématiques des malades rares et devient "patient expert/partenaire", pour mettre à profit son vécu de la maladie et améliorer la qualité des services de santé. Suite à toutes ces activités, Laurence est à nouveau repérée et engagée cette fois pour participer à la refonte de la plateforme numérique de l'enseignement à distance pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.

"Tout ce qui m’est arrivé de négatif, chaque misère, chaque arrêt, m’a apporté du positif, analyse-t-elle avec le recul. Le bénévolat m’a poussée à développer petit à petit des bouts d’expertise qui font sens aujourd’hui. Plus la maladie évolue, plus je me rends compte que ma pension va arriver de manière prématurée. C’est quelque chose qui me faisait peur. Mais plus maintenant car je sais que le bénévolat me permettra quoi qu’il arrive de continuer à m’occuper et être stimulée. Je pourrai toujours poursuivre à hauteur de mon temps et de mes capacités ."